"Le petit frère" et "Gaston de Normandie", pour ne pas oublier

Le petit frère Ed. Casterman
Le petit frère Ed. Casterman - Jean-Louis Tripp
Le petit frère Ed. Casterman - Jean-Louis Tripp
Le petit frère Ed. Casterman - Jean-Louis Tripp
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Que nous reste-t-il quand on a perdu un être cher ? Jean-Louis Tripp et Benoit Vidal ont choisi leur médium pour leur puzzle familial. La BD pour le premier, le roman-photo pour le second, mais avec chaque fois la même idée, transmettre, pour ne pas oublier.

Le petit frère - Jean-Louis Tripp

Ce livre est un choc, une bombe qui vous cueille dès les premières pages, avec les dernières heures des jours heureux. Août 1976, Jean-Louis Tripp a 18 ans. C'est l'été des vacances en roulotte, en famille. Ce sont les mûres dont on se gave sur le bord du chemin. Et puis il y a Gilles, le petit frère de 11 ans. Gilles le casse-cou, le joyeux, Gilles qui chante fort "Le Printemps" de Michel Fugain et Gilles qui lâche la main de Jean-Louis pour descendre de la roulotte. "Je n'ai pas compris tout de suite ce qu'il s'est passé. Mais le bruit..."

Le petit frère Planche Ed. Casterman
Le petit frère Planche Ed. Casterman
- Jean-Louis Tripp

Portraits de douleur

La voiture qui percute Gilles prend la fuite. 1976, la route est déserte. Le temps est suspendu. Gilles s'éteindra à l'hôpital dans la soirée, avec en prime, les mots maladroits du corps médical. Jean-Louis Tripp dessine tout, en noir et blanc, avec parfois des touches de rouge et de bleu. Son trait est rond, réaliste. Ses cases sont des portraits de douleur. "On ne meurt pas en pleine vacances d'été quand on a 11 ans" écrit Jean-Louis Tripp dans une bulle.

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Le petit frère Planche Ed. Casterman
Le petit frère Planche Ed. Casterman
- Jean-Louis Tripp

46 ans après, Jean-Louis Tripp raconte l'autopsie d'un décès. Il radiographie le moment insoutenable. Et ça l'est. Un enterrement ne se raconte jamais avec autant de détails. "Je vais faire un dessin pour mettre dans la tombe." Mais ici, ils sont importants pour comprendre ce que la mort change dans une vie. Car une fois l'enterrement passé, il y a l'après, le face à soi.  Jean-Louis Tripp raconte qu'il dessinais 15 heures par jour. "Je me sentais au seuil de qqc de formidable. Mais de l'autre, au plus profond de la nuit, je sombrais dans un gouffre sans fond."

Se pardonner d'avoir lâché la main de son frère, pardonner à sa famille ce deuil éternel. Une vie plus tard, Jean-Louis Tripp fait revivre son frère à travers le témoignage de ses proches et raconte sa colère pour mieux le laisser partir. Car il est temps. Ce faisant, il aide aussi sa famille à stopper l'hémorragie de tristesse. Chacun d'entre nous trouvera un part de son histoire dans celle du Petit Frère.

Le petit frère Couv. Ed. Casterman
Le petit frère Couv. Ed. Casterman
- Jean-Louis Tripp

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Le petit Frère chez Casterman.

Gaston en Normandie - Benoit Vidal

Gaston en Normandie Couv. Ed. Flblb
Gaston en Normandie Couv. Ed. Flblb
- Benoit Vidal

Benoit Vidal a souvent enregistré Joséphine. "Joséphine aimait raconter ses souvenirs. J'adorais les écouter." Cheveux blanc, gilet gris, une canne à la main, Joséphine est la grand-mère de Benoit Vidal. Elle et son regard malicieux apparaissent sur de multiples photos et en mots dans des bulles : "Le jour du débarquement, terrible. Ca tombait de partout, tout le temps." Joséphine raconte l'incrédulité, le moment d'hébètement. Fuir ou rester ? Benoit Vidal accompagne les mots de sa grand-mère avec des photos de l'époque.

Gaston en Normandie Planche Ed. Flblb
Gaston en Normandie Planche Ed. Flblb
- Benoit Vidal

Gaston, son père avait 7 ans. Le sourire aux lèvres, il raconte son débarquement à lui : "Il y a eu la fameuse histoire : qu'est-ce qu'on emmène." Le jour du débarquement, en juin 44, sa mère l'avait emmitouflé de pull-over, de manteaux. Fuir avec le maximum de vêtements, la vie tient parfois à peu de choses.

Finalement, ils resteront en Normandie. La vie de village, les dénonciations, les Allemands qui détruisent et tuent en partant, les Anglais qui jouent du piano dans la salle à manger, l'histoire de Joséphine et de son père continue. Benoit Vidal les laissent parler. Il recolle les morceaux d'une mémoire familiale.

Le roman-photo, un des genres de la BD ?

Gaston en Normandie
Gaston en Normandie
- Benoit Vidal

Raconter cette histoire en roman-photo, est-ce de la Bande-Dessinée ? Certes, il n'y a pas de dessins. Mais la construction par cases s'en approche. Depuis quelques années, les éditions FLBLB travaillent sur ce médium particulier. On est loin des roman-photo d'amour type Nous Deux, loin du côté absurde du récent Guacamole vaudou de Judor et Fabcaro. Dans Gaston de Normandie, Benoit Vidal raconte une vie simple, comme Jean-Louis Tripp avec Le petit frère.
Dans les bulles, on retrouve les mots de son père et de sa grand-mère. Pas de mise en scène, mais la transmission d'une histoire familiale qui se lit définitivement, comme une BD !

Gaston de Normandie chez FLBLB

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