

Choi Kyu-Sok raconte l'histoire de Lee, un cadre dans un supermarché qui refuse d'appliquer les méthodes de sa hiérarchie. Une fiction tirée de faits réels, la tentative de Carrefour de s'implanter en Corée du Sud.
Cases noires, bulles blanches. Un trait émerge. Ce sont des yeux qui s'ouvre. Surgissent en flou, deux personnages, dessinés à l'aquarelle. L'homme qui se réveille a tout perdu. Il vient d'être licencié pour avoir abîmé un scooter de livraison. Celui qui l'a trouvé dans le parc propose de l'aider. Il s'appelle Gu Go-Shin. Et il défend les travailleurs. Le salarié kleenex face au patron impitoyable, bienvenue dans la Corée du Sud de la fin des années 90. Le pays souffre encore de la crise financière. Ces premières pages sont une mise en bouche avant d'arriver au coeur de l'histoire, dans un supermarché.
Il faut dégraisser du personnel par n'importe quel moyen. Au pire harcelez les, poussez les à la faute
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Dessins à l'aquarelle pour les rayons, crayonné réaliste pour les personnages, un jeune cadre issue de l'armée, Lee, rabroue les salariés qui mettent en rayon. Il aime l'ordre. Mais quand on lui demande de licencier ses collaborateurs, sans raison valable, il répond : "Ne comptez pas sur moi." Lee n'aime pas l'injustice. Il va chercher du soutien chez ses collègues cadres, mais personne ne le suit. Avant de devenir intraitable, Lee va être indésirable, parce qu'il prend le parti des salariés. Une scène pour s'en rendre compte. Le grand patron du magasin, un Français, convoque les salariés du rayon dont s'occupe Lee.
Il n'y aura pas de promotion pour vous. Vous allez vivre un enfer. Pourquoi ? A cause de votre manager, Monsieur Lee

Intraitable est inspiré de l'histoire de Carrefour, quand l'enseigne française a tenté de s'implanter en Corée du Sud. On y découvre un management français qui fait fi de son histoire et s'adapte sans vergogne aux méthodes sud-coréennes. On humilie, on harcèle, on menace, pour faire plier le salarié. Gu Go-Shin le défenseur des salariés rencontré dans les premières pages, va aider Lee et ses salariés à organiser la lutte, à se défendre. Au fil des chapitres, Choi Kyu-Sok, l'auteur, nous montre un pan pas très glorieux du monde du travail en Corée du Sud. Il nous montre aussi l'espoir du changement, à travers les différentes étapes du combat syndical et les hommes qui osent le mener. Intraitable T3 chez Rue de l'Echiquier.
Moi aussi - Reiko Momochi

Moi aussi, pour Me too. Satsuki travaille dans un centre d'appel téléphonique. Elle est jeune, belle, vive, consciencieuse. Elle aime son travail et elle le partage avec son amie Miho et son supérieur Haruhiko. Jusqu'au jour où, un peu naïve, elle annonce qu'elle est invitée par le directeur du service client. Ce qui semble inquiéter Haruhiko. Satsuki n'est pas la première salariée que son directeur invite. Blagues salasses, remarque sur les tenues, Jin Ikari est du genre grossier. Mais le mal est plus incidieux. Une main happée à l'arrière d'une voiture, des SMS puis une proposition de week-end, l'auteur n'est pas le grossier directeur. C'est celui qu'on ne soupçonne pas, Haruhiko son supérieur hiérarchique direct. Satsuki décrit des situations où elle est paralysée par la peur. Lentement, elle glisse, perd l'appétit, le sommeil jusqu'au jour où elle ose l'affronter.

J'aimerais que nos rapports se limitent à la sphère professionnelle
C'est ici que débute la deuxième partie de l'enfer. Dire non au harceleur, c'est la punition, les coups vaches de celui qui a le pouvoir. Moi aussi est aussi inspiré d'une histoire vraie, celle de Kaori Sato qui a fait de son vécu, un combat au Japon, en s'engageant en politique. Cela donne aussi une idée de la société nippone, patriarcale où rien ne doit jamais dépasser. Le chemin vers l'émancipation semble encore long. Moi aussi chez Akata.
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