

Plongée au coeur de ce que l'on a appelé le Printemps de Prague à travers l'histoire d'un libraire Jonas, dont le père fut un contre-révolutionnaire. Le deuxième tome de Jonas Fink prend corps au printemps 1968, quelques mois avant l'entrée des chars russes dans Prague.
Pour comprendre Jonas Fink la fiction, il faut se rappeler l'histoire vraie de la Tchécoslovaquie. En 1968, c'est une république socialiste comme tous les pays à l'est du mur de Berlin. Avec l'arrivée au pouvoir Alexander Dubcek, le parti communisme introduit ce que l'on a appelé, le socialisme à visage humain avec la liberté d'expression et l'économie décentralisée
Je m'appelle Jonas Fink. J'ai présenté une demande de dédommagement pour mon père condamné en 1952
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Comme beaucoup de Tchécoslovaque, Jonas Fink profite de l'ouverture de son pays, pour tenter de réhabiliter la mémoire de son père, mort en prison. En dehors de cette histoire familiale douloureuse racontée dans le premier tome, Jonas est plutôt bien installé. Sa librairie est au coeur du vieux Prague. Il a ses habitudes dans une petite brasserie, une petite amie et des amis de jeunesse.

Le retour de Tatiana
Tatiana, c'est son amour de jeunesse. Elle était fille d'un diplomate russe, en poste à Prague. Lui, le fils d'un contre-révolutionnaire. Mais tous les deux faisaient partie d'un groupe d'adolescents qui résistait à leur manière, en lisant des livres censurés par le pouvoir. Tatiana a fini ses études en Russie. Quand elle revient à Prague, c'est sous l'étiquette de journaliste russe. Les temps ont changé. L'heure est aux explications.
Comment aurais-je pu t'écrire ? Mes parents me faisaient surveiller avec des moyens que tu ne peux imaginer
12 ans d'absence n'effacent pas le souvenir d'un premier amour. Pendant que l'idylle renoue, Vittorio Giardino distille les ingrédients d'une autre histoire, avec d'autres personnages, liés de près ou de loin à Jonas et son histoire familiale. Ceux là font partie de l'histoire en marche. Celle avec un grand H, qui va aboutir à l'arrivée des chars russes le 21 août 1968. Vittorio Giardino retrace les évènements comme si nous étions au coeur du peuple. Au milieu de la fiction, on trouve des faits historiques.
Bonne idée de démonter les plaques des rues. Les Russes ne sauront pas où ils sont
Jonas Fink traverse ce printemps tour à tour amoureux, en résistance, jusqu'à la fuite à Paris. Vittorio Giardino a mis 20 ans à écrire la suite du premier tome. Cette histoire, c'est un travail sur ses souvenirs de voyages de l'époque dans l'est de l'Europe. Il y avait dans le dessin un véritable défi : faire vieillir ses personnages.
Ironie du dessinateur, il ne l'aime pas, son dessin. Trop daté, trop ligne claire. Dans la BD version Giardino, le dessin ne doit pas être beau, mais au service de l'histoire. Il n'empêche. Vittorio est un virtuose du récit romancé au coeur de l'histoire. Pour ne pas oublier ce que fut le Printemps de Prague aujourd'hui, 50 ans après.
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Vittorio Giardino : "Mon dessin n'est pas beau"
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