C'est l'un des joyaux de la France, le Château de Versailles. Si aujourd'hui, on le voit comme tel, c'est lié à Louis XIV qui lui donna sa renommée internationale et plus d'un siècle plus tard à Pierre de Nolhac, son conservateur. A la fin du XIXème, Versailles est tombée en désuétude. Trop marqué pour la République.
C'est une ballade en noir et blanc entre gouache et lavis, entre esquisses et décors grandioses, au coeur d'un des joyaux français. Versailles comme un vieux film, où les hommes de haut rang ont des barbes taillées en pointe, portent des chapeaux melon et des lunettes rondes rondes, où leurs femmes arborent des robes longues et le chignon sous le chapeau et où le peuple porte la casquette.
Il était une fois Pierre de Nolhac, sa femme Alix et leur 3 enfants, un jour d'octobre 1887. Ils sont arrivés de Paris en voiture à cheval, avec leurs malles. Pierre de Nolhac vient d'y être nommé en soutien à Charles Gosselin conservateur du musée de Versailles.
La bâtisse 100 ans après la Révolution, a gardé son lustre, mais l'intérieur est à l'abandon. Les couloirs du châteaux sont désespérément vides.
Vous pouvez écrire des livres sur Versailles, mais laissons en paix ce musée qui n'intéresse plus personnes en ces temps républicains
Même Charles Gosselin n'y croit pas. Il passe ses journées à peindre. Pierre de Nolhac va suivre son conseil, dans un premier temps. Il va lire, se plonger dans les archives de Versailles. Nécessaire pour appréhender le lieu. Mais il découvre aussi que le temps a fait son oeuvre et que le château est dans un triste état. Pour réveiller le bel endormi qui ne reçoit que très peu de moyens de l'Etat, il va falloir être malin. Car à l'époque, Paris n'a d'yeux que pour Gustave Eiffel et sa Tour en construction.
Versailles souffre de sa mauvaise réputation. La République française n'est-elle pas désormais assez solide pour assumer son passé royal ?
Comme on userait des réseaux sociaux aujourd'hui, Pierre de Nolhac résolument moderne, va user de la presse, pour faire passer des messages. La mort de Charles Gosselin le conservateur en chef, va précipiter sa destinée. Il lui succède en 1892.
Mais en même temps qu'il redonne vie à Versailles, à travers des restaurations et des expositions, Pierre de Nolhac plonge avec le château. Et Versailles est une maîtresse exigeante qui le coupe de sa famille. Sa femme, Alix, est la première à s'en émouvoir.
Tu ne pourrais pas laisser Versailles au moins quelques heures. Ca fait deux siècles que le château tient debout. Il ne risque pas de s'effondrer
Les auteurs de ce roman graphique ne font pas que détailler le grand oeuvre de Pierre de Nolhac
Ils mêlent à travers les écrits de Pierre, les mémoires de son fils Henri, peintre, illustrateur. On suit l'histoire de cette famille nombreuses qui vit beaucoup de drames, avec la mort de deux enfants. On découvre un père souvent absent, intransigeant, un époux qui refuse que sa femme, ses filles travaillent. Pierre de Nolhac n'est pas si moderne que cela finalement. Sa femme le quitte. Ses enfants s'éloignent. Il n'y a guère qu'Henri, pour l'écouter et le suivre.
Ce roman graphique est un condensé d'une époque à qui Alexis Vitrebert donne vie, à travers un dessin de peinture. C'est un récit historique, matinée de quelques aspects fictionnels qu'on décèle à peine. Plus fort encore quand vous refermez le livre, cette impression. Versailles, le château, son parc, intérieur, extérieur, ils sont de toutes les planches. Bien plusse qu'un décor, c'est le personnage central, qui ne dit jamais mot.
Le château de mon père, Versailles ressuscité chez La Boîte à Bulles.
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