

Alabama, sud des Etats-Unis, plongée au coeur de l'Amérique des années 30. Celle où noirs et blancs vivent séparés. Près de 60 ans après la parution de l'oeuvre d'Harper Lee, Fred Fordham illustre et met en scène un classique de la littérature américaine.
Jem et Scout sont deux jeunes enfants qui vivent avec leur père veuf, à Maycomb et leur gouvernante Calpurnia. L'été, avec Dill le voisin, ils font des cabanes, s'inventent des histoires et se font peur en passant devant la maison du mystérieux Boo Radley. Peu importe que leur père avocat, défendent des causes perdues, c'est encore le temps de l'innocence et celui des jours heureux. Mais leur regard d'enfant va basculer le jour où ils assistent au procès où leur père défend un homme noir, accusé à tort de viol sur une femme blanche.
Tu défends les nègres ?
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On ne dit pas nègre Scout, c'est vulgaire
Atticus Finch est un homme de principe. Il ne défend pas le puissant. Agriculteurs sans moyens, hommes noirs, il ne fait pas de différence. C'est un homme de justice. La place de l'homme noir est omniprésente dans l'oeuvre d'Harper Lee. Elle l'a écrit au début des années 60, en plein combat pour les droits civiques. Le procès auquel Scout et Jem vont assister, Fred Fordham en retranscrit toutes les minutes.
L'art d'adapter un livre en roman graphique

A l'instar du cinéma, l'adaptation, c'est savoir retranscrire une ambiance, trouver le dessin juste qui colle à une époque, à un récit. Ici, Fred Fordham fait le choix de se couler dans le moule du livre. Il prend le texte, dans sa quasi intégralité, et il y ajoute sa patte d'illustrateur, son regard, tout en restant toujours au service de l'auteure. Il y a très peu de fantaisie dans le dessin de Fred Fordham. Les cases sont multiples, petites. Chacune d'elles représente le sous-texte, ce qui existe en dehors des dialogues, les regards, les actions. Comme les didascalies d'une pièce de théâtre. Son dessin a donc les couleurs de l'Alabama des années 30, les maisons, l'architecture de l'époque. Les personnages croqués par Fred Fordahm ressemblent à ceux Du Silence et des ombres, l'adaptation au cinéma de Robert Mulligan en 1962. (Film pour lequel Grégory Peck recevra l'Oscar du meilleur acteur.) Il y a très peu d'effets dans le dessin de Fordahm, tout se joue dans les regards, appuyés, apeurés, fuyant ou en colère. La plume d'Harper Lee fait le reste.
En grandissant tu verras des blancs tromper des noirs. Lorsqu'un blanc se comporte ainsi, quel que soit son nom, son origine et sa fortune, ce blanc est une ordure
Quand il dit cela à ses enfants, Atticus Finch décrit cette Amérique des années 30. Celle qui pense que le noir est un nègre. Le titre, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, Harper Lee utilise l'expression à dessein. L'oiseau moqueur est un passereau qui chante tout le temps dans le sud des Etats-Unis. Le tuer, c'est comme s'en prendre à un enfant ou condamner un innocent. C'est nier tout ce qu'il représente.
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