

Emily Carroll accompagne en dessins, le roman de Laurie Halse Anderson qui en 1999 racontait l'histoire d'un viol. Celui d'une adolescente. Un bout de son histoire fait de sidération. Comment peut-on survivre à cela, comment se reconstruire ? Emily Carroll traduit en image l'indicible douleur.
Il y a le visage de cette adolescente en couverture, une larme sur la joue. Ce visage en dit déjà long sur l'histoire qui nous attend. Melinda Sordino a 15 ans. A la regarder dans le bus recevoir une boulette de papier sur la tête, à la voir arriver seule dans l'auditorium du lycée, on devine que son année va être compliquée.
Je n'ai ni la bonne coupe de cheveux, ni les bons vêtements. Je suis une paria
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Melinda est rejetée de tous les lycéens. Emily Carroll ne vous dira pas tout de suite pourquoi. Le texte de Laurie Halse Anderson est un long cheminement. Celui d'une adolescente traumatisée, qui s'est murée dans le silence et qui pour se faire, se mord les les lèvres jusqu'au sang. Pour comprendre comment elle en est arrivée là, il faudra entrer dans le monde qu'elle vous propose. Une sorte de journal intime où Melinda se raconte et raconte sa vie de lycéenne. Avec pour entrée en matière ce que elle, considère comme les 10 premiers mensonges qu'on vous sert au lycée.
Nous sommes là pour vous aider, vous vivez les plus belles années de votre vie
Dans cet inventaire à la Prévert, on retrouve tout ce qui fait normalement le lycée. Les élèves populaires, ceux en quête de popularité, ceux qui vivent leurs premiers amours, les professeurs et les parents de Melinda qui continuent de vivre ensemble mais qui s'aiment plus depuis longtemps. Ce qui est arrivé à Melinda va être disséminé par bribes. Une main sur la bouche, un regard effrayé, des bulletins truffés de mauvaises notes. Au fil des pages, on devine le secret qui hante l'adolescente.
Lui ? C'est comme si le prince des ténèbres avait couvert la table de son manteau sombre

Lui, c'est un élève de dernière année. Lui, et son visage de play boy. Lui, c'est Andy Evans, et lors d'une fête arrosée, juste avant la rentrée, il a profité de l'ivresse de Melinda. Speak, c'est l'histoire d'une agression sexuelle, d'un viol. Comment dire l'indicible ? Laurie Halse Anderson qui raconte une partie de son histoire, avance à tâtons. Parce que pour briser le silence, il faut des circonstancesn, un trop plein de douleur. La reconstruction est longue. Pour Melinda, ça passera en partie par les cours d'art plastique avec un professeur qui devine à travers ses travaux, une douleur chez l'adolescente, une fracture. Mais quelle douleur quand aucun mot ne sort de la bouche de l'élève ? Emily Carroll ne fait pas que mettre en scène les morts de Laurie Halse Anderson. Elle apporte cette touche artistique. Ces mots qui s'étalent sur des pleines pages, ces visages qui se consument, celui de Melinda qui disparaît devant le miroir, ou qui se superpose avec des dessins de Picasso. A tous ceux qui cherchent leur voix et accèdent à leur pouvoir dit le préambule de Speak.
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