La saga de l'île Seguin

La saga de l'île Seguin
La saga de l'île Seguin ©Radio France - Antoine Chao
La saga de l'île Seguin ©Radio France - Antoine Chao
La saga de l'île Seguin ©Radio France - Antoine Chao
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Vaisseau amiral des usines Renault, l'île Seguin située dans un majestueux méandre de la Seine dans l'ouest parisien résiste, depuis la fermeture de Renault Billancourt en 1992, aux projets immobiliers pharaoniques et écocides qui s'y succèdent sans succès

Site emblématique de l'industrie automobile conquérante du XXe siècle, l’île Seguin devient au XXIe, en pleine crise climatique, le symbole de l'irresponsabilité des promoteurs et de la mégalomanie des architectes. Sur la commune de Boulogne-Billancourt à l’ouest de Paris, dans ce magnifique et dorénavant très huppé méandre de la Seine avec sur l’autre rive, Issy-les-Moulineaux, Meudon et Sèvres, l’île Seguin, depuis une vingtaine d'année est la protagoniste d'une saga incroyable, une valse de permis de construire, de PLU, de mètres carrés de bureaux. Une île maudite ou bénite selon que l’on est promoteur, bétonneur, boomer, "starchitecte" ou écolo, citoyen, jeune, riverain. 

J'ai rencontré Bernard Landau, Irène Nenner et Michel Becq, tous signataires de la Déclaration de l'île Seguin, sur le toit dûment végétalisé de la Scène Musicale, un complexe culturel inauguré en 2017 qui occupe déjà toute la pointe de l’île, copieusement bétonnée, côté Pont de Sèvres.

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J'ai bien connu ce coin pour y avoir grandi* mais c'est la première fois que je mets les pieds sur l'île Seguin. Je me souviens de la façade de proue de l'usine Renault, visible depuis le pont de Sèvres, elle devait subsister en hommage à la saga industrielle et ouvrière de Renault Billancourt, elle a été rasée. Je me souviens aussi des beaux cyprès alignés devant cette façade, ils devaient être préservés, ils ont été coupés pour laisser place nette à la grosse boule en verre de la Scène Musicale qui abrite l'auditorium "Patrick Devedjian", c'est bien comme ça qu'il a été baptisé ! Et là ça m'a rappelé des souvenirs moins nostalgiques, les coups violents et tordus de la jeune droite, issue de l’extrême droite - notamment du groupuscule fascisant Occident en ce qui concerne Patrick Devedjian, Alain Madelin, Gérard Longuet et Jean-Jacques Guillet - qui mettait les Hauts-de-Seine sous sa coupe pendant les années Pasqua (notamment pendant la présidence de celui-ci au conseil général du "far ouest" francilien).

Les deux tiers de l'île Seguin sont fermés au public

Seguin fermée au public
Seguin fermée au public
© Radio France - Antoine Chao

Avec Bernard Landau de l’association La Seine n’est pas à vendre , Michel Becq du collectif Vue sur l'île Seguin et Irène Nenner présidente de Environnement 92

L'île Seguin au fil de l'eau vue depuis l'île Saint-Germain (Issy-les_Moulineaux)

L'île Seguin point amont au fil de l'eau
L'île Seguin point amont au fil de l'eau
© Radio France - Antoine Chao

SCOOP ! APRÈS DBS, BOUYGUES PREND LA MAIN : Selon les dernières informations, le maire de Boulogne-Billancourt, Pierre-Christophe Baguet, a annoncé en bureau municipal ne pas avoir prolongé la promesse de vente entre la SPL Val de Seine Aménagement et le groupement de promoteurs DBS (Hines, Icade et Vinci) pour les deux lots de la partie centrale de l'île. La saga continue pour un nouveau tour de piste des promoteurs, ou alors c’est la Déclaration de l’île Seguin qui a été entendue, espérons-le...

Extraits : Jean Luc Godard  "Éloge de l’Amour" (2001) tourné en partie sur l'île Seguin 

Affaires sensibles - Occident 

Musique : "Le Monde d'après" - Suzanne : "Et si on sortait du coma, le réveil a sonné..."

Réalisation :  Étienne Bertin

* J'ai passé une partie de mon enfance et de ma vie de jeune adulte à Sèvres. La ville était communiste mais en 1983 c'est la droite dure qui a pris le pouvoir avec la victoire de l'UDF Jean Caillonneau et là, ça c'est compliqué. Depuis le début des années 70, Sèvres était devenu le laboratoire de l'habitat communautaire, une coopérative écologique avait ouvert et le squat de la rue des Caves avait vu le jour (des scènes du film "L'An 01" de Jacques Doillon et Gébé y ont été tournées).

Dans la foulée de nos aînés de la rue des Caves, dix ans plus tard, nous, des jeunes Sévriens avions occupé une ancienne usine de caoutchouc la MPMC pour y créer un centre culturel alternatif avec le café associatif "Issue de Secours", des ateliers d'artiste et des locaux de répétition ou l'on ébauchera avec mon frère Manu le groupe Mano Negra. Après quelques mois de cohabitation et de tension avec la nouvelle municipalité, une expulsion manu militari est menée violemment en janvier 1985 par un groupe de nervis d’extrême droite - venus des communes environnantes, dont Anthony acquise également en 83 par Patrick Devedjian - armés de barres de fer et accompagné par l'équipe municipale sous la houlette du premier adjoint Jean-Jacques Guillet - ex-membre d'Occident - et du maire Jean Caillonneau qui sera poursuivi et condamné.

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