Il y a d'abord eu Google, puis Microsoft et maintenant Amazon. Les lettres d'employés aux patrons de ces géants du numérique se sont multipliées ces dernières semaines. Les salariés leur demandent d'arrêter certains contrats avec les autorités, notamment avec les services de l'immigration.
"Nous refusons de construire des outils qui violent les droits de l'homme". Extrait de la lettre adressée à Jeff Bezos, le patron d'Amazon, par certains de ses employés. Ils s'y inquiètent de contrats signés par leur entreprise avec les autorités américaines. Dans le viseur des employés d'Amazon : Rekognition. Ce logiciel de reconnaissance, extrêmement puissant, est capable de reconnaître jusqu’à 100 personnes sur une image en temps réel. Utilisé, par exemple, par la chaîne SkyNews pour identifier les invités du mariage de Megan et Harry le mois dernier, il a aussi été vendu aux Etats-Unis à certains services de police. Les salariés craignent l'utilisation de Rekognition dans une surveillance abusive notamment d'activistes noirs ou de migrants. Les salariés demandent donc à Jeff Bezos d’arrêter de vendre son service de reconnaissance faciale aux forces de l’ordre.
Collaboration d'IBM avec les nazis
Autre revendication : l'arrêt de la collaboration avec Palantir. Cette entreprise qui fournit des logiciels de gestion et d'analyse de données pour les plus grands services de renseignement au monde, de la CIA à la DGSI française. Palantir a notamment créé un logiciel dont le but est d'aider les services de l'immigration à atteindre les objectifs de l'administration Trump. Des services au cœur de la polémique de ces derniers jours autour des enfants de migrants séparés de leur parent. Là encore, les employés demandent à Amazon d'arrêter de louer ses serveurs informatiques à Palantir et ils n'y vont pas de main morte : "Nous avons appris de l'histoire" écrivent-ils, rappelant que les outils du géant de l'informatique IBM ont été utilisés pendant la seconde guerre mondiale pour aider Hitler.
Contagion dans la silicon Valley
Les employés de Google et de Microsoft se sont eux aussi rebellés récemment. Pour Microsoft c'est aussi un contrat avec les services de l'immigration qui passe mal auprès de ses employés. L'entreprise a tenté d'éteindre le feu en certifiant la semaine dernière dans un communiqué que ses technologies n'étaient « pas utilisées pour séparer des enfants de leurs parents". Google a connu une rébellion du même genre il y a quelques semaines : plus de 3000 salariés ont signé une pétition qui s'opposait à un partenariat avec le pentagone. Ce dernier portait sur la mise à disposition d'un système de reconnaissance faciale qui aurait pu être installé sur des drones autonomes. Devant le scandale, et la mauvaise image, Google a annoncé qu'il ne renouvellerait pas son contrat en 2019. Les contrats d'Amazon et Microsoft n'ont eux pas été suspendus, en tout cas pour le moment.
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