Découvrons ce premier roman de Raymond Radiguet, un jeune homme au talent prometteur, emporté par une mort précoce à l'âge de vingt ans.
Extrait du "Diable au corps"
« Je vais encourir bien des reproches. Mais qu’y puis-je ? Est-ce ma faute si j’eus douze ans quelques mois avant la déclaration de la guerre ? Que ceux qui déjà m’en veulent se représentent ce que fut la guerre pour tant de très jeunes garçons : quatre ans de grandes vacances. »
C’est par ces quelques lignes qu’éclate l’un des plus grands scandales littéraires, dans le Paris de l’entre-deux-guerres : la parution, en 1923, du Diable au corps de Raymond Radiguet.
Un roman qui suscite une violente polémique
Cinq ans après la fin du Premier conflit mondial, ce jeune homme de vingt ans, ami et amant de Jean Cocteau, signe un premier roman sulfureux, qui raconte l’amour interdit entre un adolescent de 15 ans, pas assez âgé pour être soldat, et une femme mariée de 18 ans, dont le mari est parti au combat. Affront à la morale bourgeoise, affront à l’honneur des anciens combattants, l’oeuvre soulève une violente polémique, mais connaît aussi un immense succès public. Car le livre, édité par Bernard Grasset, fait l’objet d’une campagne publicitaire alors inédite : il est le premier livre lancé par un « clip », projeté dans les salles de cinéma, à la fin des Actualités Gaumont.
On y voit le jeune homme apporter son manuscrit à l’éditeur, qui le présente comme « le plus jeune romancier de France », auteur d’un véritable « chef d’œuvre ». Dans la presse, celui que Cocteau considère comme un « enfant prodige », est taxé de « sublime Marmaille » ou encore de « bébé Cadum de la littérature ».
Mais le surdoué des lettres connaît un destin fulgurant : à l’âge de vingt ans, alors qu’il rédige son second roman, Le Bal du Comte d’Orgel, le jeune homme est victime d’une mort précoce, emporté par une fièvre typhoïde mal diagnostiquée. Raymond Radiguet devient un mythe, consacré par la jeunesse de son époque, cette « génération de la guerre » qui n’a pas fait la guerre, mais que la guerre a profondément marquée.
En 1947, l’adaptation au cinéma par Claude Autant-Lara, avec Gérard Philipe et Micheline Presle, connaîtra un second scandale : alors que dans les années 1920, le personnage de l’adolescent oisif dérange l’ordre moral, dans l’immédiat après-guerre, c’est la femme infidèle qui cristallise le déshonneur de la France.
Ce soir, je vous invite à ouvrir cette œuvre au titre tentateur, Le Diable au corps, qu’un garçon de 16 ans commençait à écrire, il y a tout juste cent ans, en 1919...
La programmation musicale:
YOUN SUN NAH : SANS TOI
BABX : LA MORT DES AMANTS
Les extraits sonores:
Le diable au corps film de de Claude Autant lara
Jean -Louis Trintignant lit une lettre de Guillaume Apollinaire à “Lou” ( Louise de Coligny)
Jean Cocteau,Pierre Miquel (archive INA)
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Autre
- Réalisation
- Collaboration