"Le Monde d'hier, souvenirs d'un Européen" de Stefan Zweig

Stefan Zweig, en 1931
Stefan Zweig, en 1931 ©Getty -  Imagno
Stefan Zweig, en 1931 ©Getty - Imagno
Stefan Zweig, en 1931 ©Getty - Imagno
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À la veille des élections européennes, ouvrons cet hymne à l'Europe que l'écrivain autrichien adresse aux générations futures. Ses Mémoires, publiées en 1943, sont autant l'occasion de parcourir l'idée qu'il s'est fait de l'Europe que de retracer, à travers son vécu, l'histoire de ces années sombres.

"J'ai vu croître et se propager sous mes yeux les grandes idéologies de masse, le fascisme en Italie, le national-socialisme en Allemagne, le bolchevisme en Russie et, par-dessus tout, cette peste par excellence qu’est le nationalisme, qui a empoisonné la fleur de notre culture européenne. J’ai dû être le témoin impuissant et sans défense de l’inimaginable régression de l’humanité à un état de barbarie qu’on croyait oublié depuis longtemps. Aujourd’hui encore, nous sommes de nouveau à un tournant, une conclusion et un nouveau début. Mais si ce témoignage permet de sauver des décombres ne fût-ce qu’une parcelle de vérité, et de la transmettre ainsi à la génération qui nous suit, nous n’aurons pas œuvré en pure perte"

Ce regard lucide et sans concession est celui d’un grand écrivain de langue allemande : Stefan Zweig. Auteur de nouvelles comme Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, ou encore de biographies de Balzac et Tolstoï, il aime se présenter en quelques mots : 

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Autrichien, juif, humaniste et pacifiste.

Stefan Zweig, Européen de cœur

  • Témoin de l'entre-deux-guerres

Il a 31 ans lorsque éclate la Première Guerre mondiale. Il partage alors les idées pacifistes d’un grand intellectuel français, Romain Rolland, dont l’article, Au-dessus de la mêlée, fait scandale à Paris. 

Dans l’entre-deux-guerres, Stefan Zweig est témoin de la grave crise économique qui ravage les pays vaincus, et qui prépare l’accession au pouvoir de Adolf Hitler.

  • Une vie en exil 

Devant la montée du nazisme, l’écrivain quitte sa terre natale dès 1934, et trouve refuge en Angleterre. Suite à l’annexion de l’Autriche en 1938, il est déchu de sa nationalité. Apatride, il quitte définitivement l’Europe, et s’installe en Amérique du Sud. 

  • L'Histoire dans ses Mémoires

C’est au Brésil, le 22 février 1942, que l’auteur, âgé de 61 ans, met fin à ses jours. Sa seconde femme, Lotte Altman, l’accompagne dans la mort. 

La veille, il envoyait à son éditeur le manuscrit de ses Mémoires, qui seront publiées en 1943 sous le titre : Le Monde d’hier, Souvenirs d’un Européen

  • L’émission 

Dans son émission, Guillaume Gallienne nous invite à parcourir ce testament politique et littéraire, écrit dans la solitude de l’exil. Nous y croiserons les grandes personnalités qui furent ses amis, et qui ont marqué la première moitié du XXe siècle : Verhaeren, Rodin, Freud.

Ouvrons ce témoignage bouleversant, cet adieu au monde civilisé, qui s’adresse aux générations futures, afin d’éviter que se répètent « les secousses volcaniques de notre terre européenne ». 

Un enseignement aujourd’hui, à la veille des élections européennes ? 

Bibliographie

Extraits du livre de Stefan Zweig, Le Monde d'hier, souvenirs d'un Européen, dans la traduction de Dominique Tassel aux éditions Gallimard.  

Extraits sonores

  • Pierre Cot, ministre sous la IIIe République : "Le suicide de Stefan Zweig n'est pas une lâcheté mais un renoncement". 
  • Portrait de Stefan Zweig, 16/04/1947 (archive INA)
  • Denis Podalydes lit Les Hôtes d'Émile Verhaeren, extrait de l'Anthologie de la poésie de la langue française par la Comédie Française (CD FREMAUX & associés)
  • Romain Rolland, 1936, «La guerre de 1914 a tout ruiné, mais je résistais à l’ouragan de fureur fratricide et ai maintenu en dépit de tout la fraternité franco-allemande, je fus alors le Français le plus haï en France, mais si c’était à recommencer, je recommencerai » (Archive INA)
  • Sigmund Freud, 1938 : « À l’âge de 82 ans, j’ai quitté, à la suite de l’invasion allemande, ma maison, à Vienne, et suis arrivé en Angleterre où je compte terminer ma vie en pleine liberté »   
  • Les Damnés__, un film de Luchino Visconti (1969)

La musique 

  • Ute Lemper - Die Rundköpfe und die Spitzköpfe 
  • Anna Shygulla - Juste une Allée