Le Rouge et le Noir, chef-d’œuvre de Stendhal - Épisode 1

Julien Sorel arrive chez Madame De Rênal. Illustration du livre de Stendhal "le rouge et le noir", XIXe siècle. Collection privée.
Julien Sorel arrive chez Madame De Rênal. Illustration du livre de Stendhal "le rouge et le noir", XIXe siècle. Collection privée. ©AFP - GRAVURE / PHOTO JOSSE / LEEMAGE
Julien Sorel arrive chez Madame De Rênal. Illustration du livre de Stendhal "le rouge et le noir", XIXe siècle. Collection privée. ©AFP - GRAVURE / PHOTO JOSSE / LEEMAGE
Julien Sorel arrive chez Madame De Rênal. Illustration du livre de Stendhal "le rouge et le noir", XIXe siècle. Collection privée. ©AFP - GRAVURE / PHOTO JOSSE / LEEMAGE
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Premier volet de deux émissions consacrées à l'œuvre de Stendhal. Dans cette émission, découvrons son plus grand roman, le second de son existence "Le Rouge et le Noir, publié en 1830, inspiré d'un fait divers, la condamnation à mort d'un jeune séminariste ambitieux pour le meurtre de sa maîtresse.

Résumé du roman

C'était un jeune homme de 18 à 19 ans qui, dès sa première enfance, avait eu des moments d'exaltation, songeait avec délice qu'un jour il serait présenté aux jolies femmes de Paris, et saurait attirer leur attention. Fasciné par les éclats de l'homme Bonaparte qui lui aussi partait du bas de l'échelle pour gagner les cœurs et les esprits des classes les plus hautes de la société. Comme lui il se rêvait en lieutenant obscur et qui, au départ sans fortune, deviendrait le maître du monde avec son épée. C'était sa raison de vivre, se consoler de ses malheurs qu'il croyait grands et redoublait sa joie quand il en avait. 

Un jour, le curé du village de Verrières, l'abbé Chélan, le recommande pour un poste de précepteur.  Il devra donc enseigner le latin aux enfants de monsieur le maire, M. de Rênal. Très consciencieux et encore timide, Julien se rend un matin à son premier jour de travail, sans savoir qu'il va tomber amoureux de l'épouse de son patron. D'emblée, son destin sera scellé et cette passion le mènera à sa perte.

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La rencontre du célèbre personnage avec Madame de Raynal signe le début d'un destin hors du commun qui sera pris entre deux sentiments : la passion et l'ambition. Une scène d'anthologie que l'on cite souvent comme la scène du coup de foudre par excellence. L'une des plus belles de la littérature du XIXe siècle. 

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La morale selon André Maurois 

Il y en a plus d'une. La première est qu'il n'a jamais regretté que l'homme ait des passions, mais la seconde, est là plus haute, c'est qu'au delà de la passion, il y a le sentiment. La passion est une maladie nécessaire, et qui si l'on en guérit, purge l'âme de certaines humeurs, mais qui ne va pas sans de viles et folles souffrances. Le sentiment, au contraire, est un état sain et stable auquel l'homme arrive lorsqu'il dépasse un certain degré de passion.

Extraits des principaux moments du livre

  1. Chapitre 6, Partie I : la rencontre avec la passion

"Que voulez-vous ici, mon enfant ? Julien se tourna vivement et frappé du regard si rempli de grâce de Mme de Rêynal, il oublia une partie de sa timidité, bientôt étonnée de sa beauté, il oublia tout [...] Julien n'avait jamais vu un être aussi bien vêtu et surtout, une femme avec un teint aussi éblouissant lui parler d'un air doux. [...] Jamais une apparition aussi gracieuse n'avait succédé à des craintes plus inquiétantes. Ne craignez rien, madame, je vous obéirait en tout".

  1. Chapitre 10, Partie I : l'opportunisme naissant

Durant ce moment où Julien osa braver l'inconnu et se prit d'opportunisme pour complaire à ses ambitions : "Monsieur de Rênal, à peine remis de sa peur, conclut du ton étrange qu'il voyait prendre à ce petit paysan qu'il avait en poche quelques propositions avantageuses et qu'il allait le quitter. La colère de Julien augmentant à mesure qu'il parlait. Je pu vivre sans vous, monsieur, ajouta-t-il. 

Le maire de Verrières était bien toujours à ses yeux, le représentant de tous les riches et de tous les insolents de la Terre. [...] Plus de 50 écu par an. Un instant auparavant, je m'étais tiré du plus grand danger. Voilà deux victoires en un jour [...] Il enviait cette force. Il enviait cet isolement.

C'était la destinée de Napoléon. Serait-ce un jour la sienne

Les semaines passent et Julien se sent de mieux en mieux au sein de la famille Rênal. Il a gagné le respect du père et est parvenu à charmer Mme de Rênal en mettant en place tout un plan de séduction.

  1. Chapitre 15, Partie I : Quand la passion ne suffit pas

Après avoir gagné la chambre de sa bien aimée sans avoir réveillé le père de celle-ci, une nouvelle victoire lui était acquise : "Quelques heures après, quand Julien sortit de la chambre de madame de Rênal, on eût pu dire qu'il n'avait plus rien à désirer [...] il prétendit encore jouer le rôle d'un homme accoutumé à subjuguer des femmes, l'idée du Devoir ne cessa jamais d'être présente à ses yeux.

Il était dans cet état d'étonnement et de trouble inquiet où tombe l'âme qui vient d'obtenir ce qu'elle a longtemps désiré. Elle est habituée à désirer, ne trouve plus quoi désirer et cependant, n'a pas encore de souvenirs comme le soldat qui revient de la parade.

  1. Chapitre 18, Partie I : révélation de l'adultère

"Un soir une lettre anonyme est adressée à Monsieur de Rênal. Tout y est dénoncé. L'époux trompé doit prendre une décision, se séparer de Julien ou même de sa femme" [...] 

  1. Chapitre 21, Partie I : vers d'autres passions

"Rênal a finalement décidé de renvoyer Julien et l'obliger à quitter Verrières. Julien décide donc de se rendre à Besançon et se présente au Séminaire devant l'abbé Pirard, on le recommande auprès du marquis de la Mole, une personnalité influente du faubourg Saint-Germain. Il devient son secrétaire particulier avant de partir pour la capitale [...]

Une fois arrivé à Paris, il prend ses fonctions et fait la connaissance d'une jeune femme, Mathilde, qui est la fille du marquis. Elle s'éprend de lui rapidement, mais Julien ne [...] trouve pas sa place au sein de cette aristocratie qui ne l'accepte pas et décide de partir. 

  1. Chapitre 13, Partie II : quand la passion appelle l'ascension sociale

"Il prenait congé d'elle. Elle lui fit parvenir une déclaration d'amour [...] Le plaisir de triompher du marquis de Croises Moins vint achever la déroute de se souvenir de vertu

Avant ceci, j'étais un cuistre abusant bassement d'un peu de courage. Après cette lettre, je suis sans égal, nos mérites au Marquis et à moi ont été pesés. Le pauvre charpentier du Jura l'emporte. [...] C_ette lettre qu'il tenait serrée dans sa main, lui donnait la taille et l'attitude d'un héros_

Suite à cette déclaration, Julien Sorel avoue son amour à Mathilde [...] E_nceinte de lui, elle prévient alors son père, le marquis de la Mole, de son souhait de l'épouser. D'abord sceptique, il accepte et fait anoblir Julien, désormais lieutenant, il devient le marquis Sorel de Vernet._

Julien, enfin, atteint son objectif. Il marche sur les sentiers de la gloire

  1. Chapitre 35, Partie II : seconde désillusion

Il avait été reçu lieutenant sans avoir jamais été sous lieutenant que sur les contrôles d'un régiment dont jamais il n'avait ouï parler [...] Julien était ivre d'ambition et non pas de vanité, toutefois, il donnait une grande part de son attention à l'apparence extérieur [...]

Julien est enfin heureux. Il s'apprête à épouser Mathilde. Il est riche, reconnu [...] Mais un jour, le marquis de la Mole reçoit une lettre de Madame de Rênal guidée par son confesseur, elle y dénonce l'immoralité de son ancien amant, un être qu'elle décrit comme opportuniste et rongé par l'ambition.

  1. Chapitre 36, Partie II : vengeance passionnelle

Julien se rend précipitamment à Verrières avec une idée fixe : se venger de madame de Rênal : "Julien entra dans l'église neuve de Verrières [...] Il tira sur elle un coup de pistolet et la manqua [...] Il fut conduit à la prison [...] Dans quinze jours, la guillotine. Mme de Rênal n'était pas blessée mortellement. L'heure du procès est arrivée. Julien Sorel sait qu'il va être condamné à mort pour ses actes". 

  1. Chapitre 41, Partie II : confession 

Mon crime est atroce et il fut prémédité. J'ai donc mérité la mort messieurs les jurés. Mais quand je vois des hommes qui, sans s'arrêter à ce que ma jeunesse peut mériter de pitié, voudront punir en moi et décourager à jamais cette classe de jeunes gens qui sont nés dans une classe inférieure, opprimés par la pauvreté ou le bonheur de se procurer une bonne éducation et l'audace de se mêler à ce que l'orgueil des gens riches appelle la société. Voilà mon crime messieurs. Il sera puni avec d'autant plus de sévérité que dans, les faits, je ne suis point jugé par mes pairs. 

Je ne vois point sur les bancs des jurés quelques paysans enrichis, mais uniquement des bourgeois indignés

Aller plus loin

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