Nous étions ensemble plein d’amour, à cause de l’élan des espaces ouverts, du goût des grands vents, du soleil et des espoirs dans lesquels nous travaillions. La fraîcheur matinale du monde à naître nous soûlait. Nous étions agités d’idées inexprimables et vaporeuses, mais qui valaient qu’on combatte pour elles. Nous avons vécu beaucoup de vies dans le tourbillon de ces campagnes, ne nous épargnant jamais. Nous avons accompli ce que nous nous étions donné de faire, et nous avons la satisfaction de le savoir.
Tous les hommes rêvent, mais inégalement. Ceux qui rêvent la nuit dans les recoins poussiéreux de leur esprit s’éveillent au jour pour découvrir que ce n’était que vanité ; mais les rêveurs diurnes sont des hommes dangereux, car ils peuvent jouer leur rêve les yeux ouverts, pour le rendre possible. C’est ce que j’ai fait.
Ainsi s’ouvre l’un des plus beaux récits d’aventure du XXe siècle, qui est aussi l’autobiographie d’un célèbre officier du Renseignement anglais : Les Sept piliers de la sagesse, de Thomas Edward Lawrence , plus connu sous le nom de Lawrence d’Arabie .
Immortalisé au cinéma sous les traits de Peter O’Toole dans le film de David Lean , Lawrence refuse pourtant, de son vivant, toute posture de héros : « je n’ai pas pris au sérieux les bruits qui couraient, selon lesquels on voulait faire un film sur moi (…) est-ce l’âge qui vient ou autre chose ? mais je déteste l’idée de me voir fixé sur celluloïd. La caméra me semble entièrement à sa place dans le journalisme, mais quand elle essaie de recréer, elle fait des bêtises et me fait grincer des dents ».
Car Lawrence, toute sa vie, reste hanté par son rôle ambigu dans la Révolte arabe.

Tout commence en 1909. A vingt ans, étudiant en archéologie, le jeune homme s’embarque pour le Proche-Orient, dont il tombe amoureux. En 1914, à l’âge de vingt-six ans, il accepte une mission de cartographe dans le Sinaï pour les services secrets anglais. En 1916, en plein conflit mondial, son excellente connaissance du terrain et de la langue arabe en font l’émissaire idéal du Gouvernement britannique, qui lui demande de convaincre les Arabes de se battre à leurs côtés, contre leur ennemi commun : les Turcs, alors alliés de l’Allemagne. Mais Lawrence n’est pas dupe des fausses promesses de son pays, qui, en échange de la chute de l’empire ottoman, fait miroiter aux Arabes une indépendance qui ne leur sera jamais totalement accordée. Dès le début de l’aventure, il se sent honteux de participer à ce qui n’est autre qu’un complot des puissances coloniales, dont il devient le bouc-émissaire_._
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Ce soir, embarquons pour cette passionnante conquête arabe, qui nous mènera des bords de la mer Rouge à la capitale syrienne, en passant par le désert de Jordanie. Découvrons ces paysages chargés d’Histoire, et ces personnages hors du commun, qui ont dessiné les enjeux stratégiques du Proche-Orient, qui sont toujours d’actualité, presque un siècle plus tard…
Extraits de la traduction de Julien Deleuze , aux éditions Gallimard :
- Chapitres 1 et 2 : la région du Hedjaz
- Chapitre 12 : portrait de Lawrence d'Arabie
- Chapitre 53 : la bataille d'Akaba
- Chapitre 77: un revers de fortune
- Chapitre 80 : une terrible épreuve personnelle
- Chapitre 90 : après la souffrance physique, la douleur morale
- Chapitres 119 et 120 : un dénouement heureux : la prise de Damas
Programmation musicale :
"L'étoile au Sahara" par SAMARA BALOUF"I promise" par KHALIL CHAHINE
Avec la voix de l'écrivain Gérard Chaliand (Archives INA)
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