À l'occasion de la mise en scène de Thomas Ostermeier pour le Théâtre de la Ville, redécouvrons ce texte, à la fois portrait intime de l'auteur et portrait politique de la génération des années 1980
Extrait de "Retour à Reims"
"Quand je l’appelai, le 31 décembre de cette année-là, peu après minuit, pour lui souhaiter une bonne année, ma mère me dit : « La clinique vient de me téléphoner. Ton père est mort il y a une heure. » Je ne l’aimais pas. Je ne l’avais jamais aimé. Je n’avais pas cherché à le revoir une dernière fois. A quoi bon, d’ailleurs, puisqu’il ne m’aurait pas reconnu ? Mais cela faisait une éternité, déjà, que nous ne nous reconnaissions plus. Le fossé qui s’était creusé entre nous quand j’étais encore adolescent s’était élargi au fil des années, et nous étions devenus des étrangers l’un pour l’autre. Du moins le croyais-je..."
Cette annonce de la mort du père est le point de départ d’un livre bouleversant, signé de la plume du sociologue Didier Eribon : il s’agit, non d’un roman, mais d’un essai au ton très personnel, intitulé Retour à Reims.
Un livre qui dresse un état des lieux de la société actuelle
Publié il y a tout juste dix ans, en 2009, aux éditions Fayard, le texte fait actuellement l’objet d’une adaptation au théâtre, par le grand metteur en scène allemand Thomas Ostermeier, avec, sur scène, la présence d’une magnifique comédienne que j’admire, Irène Jacob.
La pièce sera présentée jusqu’au 16 février à l’Espace Cardin, dans le cadre de la programmation hors les murs du Théâtre de la Ville, puis sera en tournée dans toute la France jusqu'en mai prochain.
Ce soir, parcourons ce livre, à mi-chemin entre la confession et la réflexion, qui, à l’occasion d’un deuil intime, propose un état des lieux de la société actuelle, marquée par la disparition de la classe ouvrière et le glissement des idéologies politiques.
Fils d’ouvrier devenu un intellectuel proche de Michel Foucault et Pierre Bourdieu, Didier Eribon a enseigné, jusqu’en 2017, à l’université d’Amiens, en tant que spécialiste des questions liées à l’identité, à l’homosexualité et aux minorités culturelles. Il est désormais professeur à l’université d’Hanover, aux Etats-Unis.
Dans Retour à Reims, il examine avec lucidité les mécanismes de domination et de sujétion, qui sont, hélas, toujours à l’œuvre dans notre société...
Programmation musicale :
Romain Didier : « L’enfant que j’étais »
Alex Beaupain: « Au départ »
Les archives de l'INA :
La voix de Didier Eribon est extraite des émissions "Hors Champs" 27/03/2012 et "Les Liaisons heureuses" 20/03/2010
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