

Embarquons pour l'Afrique mythique et lumineuse du nouveau roman de Laurent Gaudé.
D’abord, il y a ce jour des origines, lointain, où dans la chaleur du désert, après une longue attente, le cavalier arrive enfin. A dix pas de Sissoko Djimba, le chef du village, il s’arrête. Dans le creux de son bras gauche, tout le monde peut maintenant voir distinctement qu’il porte un nourrisson dans ses langes. Et les cris de l’enfant résonnent. Il n’a pas cessé de crier. C’est miracle, même, qu’il n’ait pas fini de sombrer dans un épuisement du corps. Le silence dure. Puis, lentement, le cavalier fait quelques pas jusqu’à être à mi-chemin entre Sissoko et sa monture, et dépose au sol le paquet de linge qui pleure encore, puis, sans attendre de voir ce qu’il se passe, sans dire un mot lentement, il repart, rebroussant chemin, laissant derrière lui, pour la première fois depuis des jours, des semaines peut-être, les cris de l’enfant qu’il vient d’abandonner.
Ce cavalier mystérieux, qui apparaît comme un mirage dans le désert africain, est un personnage cher à son auteur, l’écrivain Laurent Gaudé.
On se souvient de son chef d’oeuvre, Le Soleil des Scorta, Prix Goncourt en 2004, qui s’ouvrait par l’arrivée d’un cavalier inconnu : une même silhouette incertaine, se détachant peu à peu d’un même paysage, accablé de chaleur.
Quatorze ans plus tard, l’écrivain a quitté l’Italie pour renouer avec l’un de ses sujets de prédilection, celui qui traverse toute son œuvre : l’Afrique, terre de migrations et de violences, terre mythique où s’enracinent les légendes universelles.
Ce soir, ouvrons le nouveau roman de Laurent Gaudé : Salina, les trois exils, paru aux éditions Actes Sud. Sous la forme d’un récit, l’auteur y retrouve Salina, « la femme des larmes et du sel », un personnage qui, lui aussi, est déjà apparu dans une pièce de théâtre, parue en 2003, sous le même titre.
Et si, comme ses héros, l’écrivain n’avait de cesse de porter ses propres fantômes ?
Salina, la petite fille abandonnée, connaîtra un destin parsemé d’épreuves : le mariage forcé, la guerre, l’exil, l’humiliation et la solitude.
Dans ce texte dense et lumineux, écrit à la troisième personne, le romancier donne à sa plume un souffle épique et intemporel, comme une prière sans âge, qui s’élève du cœur de l’Afrique ancestrale. Écoutons cette magnifique fable d’amour et de haine, qui fait résonner nos instincts les plus profonds...
Programmation musicale :
- Black Voices – "In the distance"
- Somi – "Alien"
- La voix de Laurent Gaudé est extraite de "La grande librairie " (France 5 ) et "Boomerang du 3 mars 2017
L'équipe
- Production
- Collaboration
- Autre
- Réalisation
- Collaboration