"Bombe de pluie" en Australie

C’est la saison des pluies en Australie… Camille en parlait déjà l’an dernier puisqu’à la même période les pires intempéries depuis plus d’un demi-siècle avaient lieu.

Souvenez-vous, beaucoup d’images avaient fait le tour du web, notamment d’impressionnantes vidéos de troupeaux de bovins nageant et essayant de s’extraire du déluge mais aussi de nuées d’araignées qui fuient l’eau, et se mettent donc en hauteur sur des poteaux, grilles, murs des maisons.

Et bien sachez qu’en ce moment même, il se passe exactement la même chose. La situation est même pire cette année toujours dans le Queensland et l’état de Nouvelles Galles du Sud, le plus peuplé avec 8 millions d’habitants à l’Est du pays…

Les médias en boucle parlent de « bombe de pluie » et décrivent des paysages dévastés ainsi qu’une grosse menace sur la ville de Sydney ces heures-ci, 500.000 personnes sont priées d’évacuer, sachant qu’au moins 13 personnes sont mortes et que beaucoup d’autres ont perdu leur maison. Une habitante en pleurs explique à quel point c’est dur pendant que d’autres s’interrogent :

Ils disent que c’est la tempête du siècle… mais que se passe-t-il ? Nous c’est notre 3ème en 2 ans !  raconte une australienne.

Et si la situation se répète, c’est qu’il y a une superposition de phénomènes : la saison des pluies, je vous le disais, avec par-dessus le phénomène la Nina, qui perturbe la température des eaux de surface, et encore par-dessus le réchauffement climatique.

Résumé de la climatologue Françoise Vimeux, de l’institut de recherche pour le développement :

"L'atmosphère est extrêmement chargée en eau car les eaux océaniques alentours sont très chaudes donc il y a une évaporation intense. L’atmosphère étant plus chaude de manière globale avec le changement climatique elle peut contenir plus de vapeur d’eau. Et généralement quand ces masses d’air arrivent sur les continents et bien elles déversent toute leur eau."

Des pluies diluviennes

Des précipitations qui dépassent 400mm en 24h et des pluies de 300mm en 6h.

L’hydrologue Emma Haziza a regardé les derniers chiffres.

"Cela correspond aux précipitations que l’on peut avoir dans le Sud de la France sur les évènements méditerranéens catastrophiques sauf que là l’étendue est de 400km.On a des pluies d’une quantité colossale sur des surfaces énormes donc nécessairement tous les cours d’eau vont réagir avec de l’eau qui arrive de partout et qui ne peut plus s’évacuer et donc qui donne des résultats avec les évacuations massives, les victimes et le inondations spectaculaires"

Et c'est de pire en pire à cause du réchauffement climatique... Pas en termes de fréquence mais plutôt d’intensité et de quantité de pluie qui tombe. Françoise Vimeux

C’est lié à un phénomène simple : plus l’atmosphère est chaude plus elle peut contenir de vapeur d’eau -   Françoise Vimeux

La climatologue Françoise Vimeux explique que si l'atmosphère se réchauffe d'1°C alors sa teneur en vapeur d'eau et donc en quantité de pluie peut augmenter entre 7 et 14%.  Imaginez-vous, cela représenterait  20% d’eau en plus dans l’atmosphère si le scénario d'un réchauffement de la planète de 3°C se produit...

Et l’Australie n’est pas le seul pays concerné. L’Arctique, l’Amérique du nord et l’Europe sont les prochaines sur la liste d'après le GIEC. D’où la nécessité d’adaptation dont parle le dernier rapport publié lundi, mais la chercheuse Françoise Vimeux se pose des questions sur l'Australie qui n'a pas du tout anticipé la situation :

L'Australie c’est emblématique : ils ont les pluies torrentielles, les feux, sécheresses et pourtant une adaptation pas du tout à la hauteur.

Tous les phénomènes extrêmes mais aucune leçon tirée, pendant que les autorités sur place avertissent   :

« Des inondations sans précédent qui vont s’empirer » déclare le premier ministre de l’Etat de Nouvelles Galles du Sud, sans avoir donc rien anticipé. Que ça serve au moins de leçon aux autres, comme on dit beaucoup aujourd’hui : “look up”, n’est-ce pas !!