

Elles ne se déplacent qu'en file indienne, prêtent à lancer leurs poils urticants à la moindre menace : les chenilles processionnaires du pin et du chêne sont désormais classées dans les "nuisibles pour la santé humaine" en raison de leur prolifération.
À la queue leu leu, comme les chenilles processionnaires !
Elles ne se déplacent qu'en file indienne, une femelle toujours en tête, entre leurs nids dans les arbres et le sol, où elles vont aller s'enfouir pour se transformer en papillons. Les convois peuvent être impressionnants et dépasser plusieurs mètres de long. D'ailleurs, le nom scientifique "thaumetopoea pityocampa", ça veut dire "les chenilles du pin qui provoquent l'émerveillement" tant leur procession est fascinante. Même comportement chez les processionnaires du chêne.
Une prolifération "nuisible à la santé humaine"
Pourquoi je vous parle d'elles ? Parce qu'elles font désormais partie du club très fermé des espèces dont la prolifération est nuisible à la santé humaine.
Petit aperçu des dégâts avec Marilou Mottet, coordinatrice de l'observatoire des chenilles processionnaires créé l'an dernier :
De l'urticaire, des érythèmes, des prurits, au niveau des yeux, de la conjonctivite, des lésions de la cornée, des douleurs digestives, des vomissements… Voilà tout un tas de symptômes qui ne sont pas très sympas"
… Mais qui restent bénins dans 96 % des cas. Par contre, ils peuvent être plus risqués pour les animaux de compagnie. "Souvent, ils sont assez curieux, notamment les chiens, et peuvent jouer avec. Et là, on peut avoir des symptômes très importants qui peuvent parfois provoquer la mort de l'animal".
Ces chenilles ont la particularité d’être urticantes :
Elles ont des petites poches sur la partie dorsale du corps, avec des muscles qui peuvent tirer et libérer des poils urticants qui sont très volatiles. Il n'y a pas qu'en touchant la chenille qu'on peut être exposée, ça peut aussi être véhiculé par l'air.
À cause de cette particularité, la processionnaire, est le premier animal à faire son entrée dans le code de la santé publique. Mais ne pensez pas que ça veut dire qu'il faut les éradiquer : " Les deux espèces, la chenille processionnaire du pin et du chêne ont leur place dans l'écosystème. C'est vraiment leur prolifération qui pose problème ".
À l’origine, la chenille processionnaire du pin était logiquement plutôt localisée dans le Sud-est, mais son territoire s’est étendu vers le Nord.
Pourquoi les chenilles sont-elles de plus en plus nombreuses ?
C’est le changement climatique qui est le moteur de l'extension. En plus de cela, les pins préférés de la chenille ont été beaucoup plantés, notamment dans le nord de la France. Ces deux facteurs sont donc responsables de sa prolifération.
Pour les processionnaires du chêne, la situation est différente. Elles étaient déjà présentes un petit peu partout sur le territoire, majoritairement dans le Grand Ouest. La question, n'est en fait pas seulement leur répartition, mais le fait surtout qu'elles soient de plus en plus nombreuses, grâce à notre légendaire intelligence humaine.
Le développement des zones périurbaines est un régal pour la chenille processionnaire du pin et du chêne, car elle apprécie les zones de forêt clairsemées.
Maintenant, les deux espèces se chevauchent au sein d’un même environnement. Mais quand on a les deux espèces ensemble, on n'a plus beaucoup de mois de l'année où on est tranquille. En effet, les transhumances des deux espèces de processionnaires se suivent. Celles du pin viennent de finir après plusieurs mois, mais celle du chêne commence. Vous devriez donc en apercevoir dans les semaines qui viennent.
Comment s'en débarasser ?
Actuellement, il n’existe aucun outil efficace et sans danger, surtout pour les autres espèces, pour se débarrasser de la chenille processionnaire du chêne, là où elle pourrait poser de gros problèmes - dans une cour d’école par exemple.
Le seul conseil est d’installer des nichoirs à mésanges ou des gîtes à chauves-souris. Ces animaux sont consommateurs de ces deux espèces de lépidoptères. Cela permet de réguler un peu les populations, sans les exterminer en favorisant la biodiversité prédatrice.
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