

L'Euro de football se joue dans 11 pays différents pour ses 60 ans ! De quoi inquiéter les écologistes, car les déplacements des joueurs et des supporters ont un impact environnemental
À moins que vous ayez été coupés du monde dans une grotte jusqu'à maintenant, il ne vous aura pas échappé que la France joue ce soir son premier match de l'Euro 2021 en Allemagne, à Munich.
Euro de football très spécial puisqu'il a lieu dans 11 villes de 11 pays différents. 51 matchs au total joués en Espagne, Italie, Allemagne, Pays-Bas, Danemark, Angleterre, Écosse, Roumanie, Hongrie, Azerbaïdjan et Russie. Autant vous dire que les écolos bondissent : beaucoup trop de voyages et donc d'impact sur la planète. La BBC a d'ailleurs calculé que la Suisse, par exemple, si elle va en finale, aura parcouru 21 656 km.
L'UEFA organisatrice assure pourtant que ce sera la compétition la plus respectueuse en matière d'environnement à ce jour et nous sort la carte de la compensation carbone des déplacements des équipes et des supporters. Et me précise, par mail : "Oui c'est dans 11 pays différents mais la différence c'est qu'aucun stade, aucune structure n'a du être construit cette fois-ci, ce qui réduit significativement l'empreinte carbone, et les impacts sur la biodioversité. L'impact de cet Euro est bien inférieur à celui d'il y a 4 ans en France", affirme l'UEFA.
Et ajoute : _"_L'UEFA est entièrement engagée pour que les compétitions européennes soient un moteur aussi bien pour la durabilité environnementale que sociale, à l'image de l'Europe".
Du côté de l'équipe de France, voilà trois semaines que je tente de me faire accréditer à une conférence de presse des Bleus, y compris en visio, mais non. Personne non plus à la Fédé pour me répondre. J'ai fini par avoir des éléments par écrit hier : "La Fédération française de football aborde la question de la protection de l'environnement dans son ensemble. Elle ne raisonne pas en termes d'impact propre d'une activité en particulier comme les Bleus à l'Euro, mais en termes d'impact global. De ce fait, la FFF porte une bonne partie de ses efforts sur le football amateur, qui concerne des milliers de personnes chaque semaine, en bonne partie de jeunes, à sensibiliser."
Elle donne quelques mesures concrètes aussi dans sur l'équipe de France :
- Gourdes plutôt que bouteilles plastiques
- Maillot en synthétique recyclé
- Déplacements en train quand c'est possible
Pour l'instant, seules les féminines l'ont fait. Là pour l'euro, c'est en avion privé que se déplacent les garçons, comme toutes les équipes : les Belges, par exemple, qui, eux, m'ont répondu en vrai. Frédéric Veraghaenne : _"_Je suis en charge de tout ce qui est opérations, c'est à dire l'organisation des matchs, la gestion du centre national, la sécurité, les voyages. On est conscients, évidemment que grandes compétitions = voyages. Voyages = consommation.. Donc on essaie de rationnaliser au mieux ou travailler de manière raisonnée, en limitant le nombre de vols, en limitant la capacité des avions. en regroupant les gens pour ne pas multiplier les déplacements."
Avec un avion de 64 places pour les Diables rouges et des efforts sur le matériel, les maillots, par exemple : "D'abord, nous avons un budget à respecter, donc on ne jette pas. Les maillots qu'ils reçoivent ils les portent, on les lave et il les reportent, y compris lorsqu'ils les changent à la mi-temps pour des questions de propreté, ou d'image des partenaires. Deuxièmement, notre laverie, elle est sur notre site et comme nous utilisons des eaux récupérées, on diminue l'impact de notre nettoyage."
Le camp de base se met lui aussi au vert. Frédéric Veraghaenne m'a décrit les panneaux solaires, l'éolienne pour être autonome en énergie, la récupération de l'eau pour arroser les terrains sans produits phytosanitaires, aussi. Les ruches et même le potager et le verger à venir. Un nombre de bouteilles plastiques limité également, comme à Clairefontaine d'ailleurs.
Et les joueurs dans tout ça ?
Aucune prise de parole sur l'environnement, mais ça ne veut pas dire pour autant qu'ils s'en cognent les joueurs de foot. C'est ce que pense en tout cas Mickaël Correia, il est journaliste à Mediapart, spécialisé sur le climat et auteur du livre Une histoire populaire du football.
"Ils sont conscients de ce qu'on appelle le "rôle modèle", conscients de la portée sociale et politique de leur discours, donc je ne pense vraiment pas que c'est du "je m'en-foutisme". C'est une question de libération de la parole des footballeurs dans l'espace public."
Parole neutralisée longtemps, parce qu'on l'oublie pas, les joueurs sont des produits avec des sponsors. Mais cette libération se fait. Griezmann, d'ailleurs, a arrêté un contrat en soutien aux Ouïgours.
"C'est encore un peu tôt. On arrive tout juste depuis un an à une phase où les joueurs se positionnent dans l'espace public. Je pense qu'on va commencer à voir émerger cette question-là, plus écologique"
Il table sur la Coupe du monde au Qatar en décembre 2022, pour que l'écologie devienne un sujet - dans la bouche des joueurs, en tout cas. Pour revenir à l'Euro, je signale que les fédérations allemande et néerlandaise m'ont répondu par écrit. Elles parlent elles aussi de compensation carbone, tout en promettant de diffuser le message pour sensibiliser. Frédéric Veraghaenne, le directeur des opérations des Belges reconnaît la marge de progression.
"Je suis d'accord que ce n'est pas quelque chose qui transpire au niveau international, mais nous Fédération Belge on y est très attentifs et on est déjà dans la vision verte de la gestion. Là on n'est pas en compétition avec les autres, on travaille tous pour notre planète."
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