Le GIEC sonne encore l'alerte, et tout le monde s'en cogne

Le rapport du GIEC est passé inaperçu dans les médias.
Le rapport du GIEC est passé inaperçu dans les médias. - IPCC
Le rapport du GIEC est passé inaperçu dans les médias. - IPCC
Le rapport du GIEC est passé inaperçu dans les médias. - IPCC
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Le Groupe d'experts intergouvernemental sur le climat (GIEC) a publié un nouveau rapport sur les effets du réchauffement climatique et la nécessité de s’adapter. Traitement médiatique quasi nul, dans le contexte de guerre. Sans faire de comparaison malvenue : comment faire exister cette urgence ?

Aujourd’hui Camille pose une question un peu « délicate » : une urgence doit-elle en chasser une autre ?

Une interrogation soulevée par plusieurs personnes qui, loin de vouloir opposer les urgences, précisons-le, s’interrogent sur l’absence du dernier rapport du GIEC dans les médias…

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En demandant aux passants ce qu’ils ont retenu de l’actualité depuis sa publication lundi, force est de constater que la guerre que mène la Russie en Ukraine écrase l’information et que, comme souvent, la majorité des citoyens n’ont aucune idée de ce qu’est le GIEC, Groupe intergouvernemental des experts pour le climat.

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Une réalité dans la rue et dans les médias

Nouvelle alerte des experts climatiques de l’ONU - JT du 13h France 2

Mais non raté... ce ne sont pas des experts de l’ONU mais un groupe de scientifiques du monde entier qui travaillent sur le climat.

Et quant à la façon de résumer le rapport, qui alerte sur les effets établis et généralisés du réchauffement, irréversibles, et la nécessité de s’adapter, donc, voici cette fois le 20h de France 2 le même jour :

“La publication du deuxième volet du rapport du GIEC : entre 18 et 30% des espèces sont menacées d’extinction selon l’ampleur du réchauffement climatique à venir, les populations qui vivent sur les côtes vont-elles devoir s’adapter ?”  - Anne-Sophie Lapix

Il n’y a pourtant aucun lien entre la disparition des espèces et la montée des eaux mais Anne-Sophie Lapix a tout mis dans la même phrase, garantie zéro montage.

Tous ces journaux étaient certes des éditions spéciales, ce qui explique ce traitement très léger réservé au rapport... Et on pourrait presque se réjouir qu'ils abordent le sujet même en fin de journal car ce n'est pas le cas de tout le monde... rien du tout sur TF1 par exemple et pas de rattrapages non plus dans les éditions du lendemain.

Claire, membre du collectif « + de climat dans les médias » a fait les comptes :

Lundi, sur les journaux de 12H et du 20H, de TF1, France 2, France 3, M6 et Arte on a comptabilité 3min dédiées au rapport du GIEC : le sujet est largement passé à la trappe

A la différence d’autres thématiques comme la fin du masque dans certains lieux publics, du salon de l’agriculture, du carnaval de Venise ou du mode de vie en Finlande, entre autres.

Des choix éditoriaux qui interrogent pour ne pas dire « frustrent » les scientifiques comme Alexandre Magnan par exemple, chercheur à l’institut du développement durable et des relations internationales, spécialiste des adaptations au changement climatique qui a participé au rapport.

On a travaillé sur un rapport qui dresse des constats inquiétants à l’échelle de l’humanité et les JT en France n’en parlent pas, c’est troublant. On a besoin d’un relais fort par l’ensemble des médias pour nous aider  à faire passer le message et mettre la pression aux politiques publiques

Un rôle à jouer

"Les personnes autour de moi qui regardent beaucoup la télévision et notamment les JT sont très peu informées sur le dérèglement climatique. Pour elles, le fait que ces sujets soient peu diffusés créé un sentiment de non-urgence. Est-ce qu’il n’y a pas une carence du côté des médias ?"

Sans parler d’autres émissions très suivies aussi aux mêmes heures, Quotidien ou C à vous, car ce ne sont ni les émissions spécialisées ou même les journaux papier qui pourtant traitent le sujet qui ont autant d'impact ! On nous l'a bien fait remarquer :

"Vous êtes sur un truc de niche, faut vivre avec l’idée que vous n'allez pas conscientiser les masses, vous vous adressez à des personnes qui sont déjà convaincues, tout l’enjeu c’est d’essayer de parler à ceux qui au départ vont pas aller chercher l’info"

Ce monsieur croisé dans la rue a très bien résumé la situation... D’où l’importance que la sphère publique, au sens large, s’empare vraiment de ces sujets. L’enjeu est énorme, et le collectif « + de climat dans les médias » veut justement que les médias « mainstream » comme on dit, soient eux-mêmes aidés :

"Notre principale demande est que les journalistes des chaînes TV, les équipes de rédaction des JT et l’ensemble de l’éco-système médiatique télévisuel soit formés aux enjeux climatiques et aux limites planétaires, on pense que c’est essentiel. Le rapport du GIEC a précisé que l’un des principaux freins en Europe à la lutte contre le déréglement climatique est que les citoyens ne le considéraient pas comme une urgence" - Marina

Il y a donc un rôle clé, qui ne doit pas être réservé aux spécialistes. Après, au-delà du malheureux conflit des urgences et des catastrophes, le chercheur Alexandre Magnan s'interroge aussi sur certains choix :

"On a eu l’expérience, du rapport précédent qui tombe au milieu d’une actu d’un transfert de Messi au PSG... c’est important mais nous on parle d’un truc qui est peut-être un peu plus important quand même..."

L'occasion de se demander aussi pourquoi nous n’entendons pas forcément ou n’avons pas envie d’entendre certaines informations… en préférant, c’est vrai, parfois faire l’autruche.