Qui veut manger des espèces invasives ?

L'écureuil gris d'Amérique du Nord considéré comme une espèce invasive
L'écureuil gris d'Amérique du Nord considéré comme une espèce invasive ©Getty - Ioannis Alexopoulos/SOPA Images/LightRocket
L'écureuil gris d'Amérique du Nord considéré comme une espèce invasive ©Getty - Ioannis Alexopoulos/SOPA Images/LightRocket
L'écureuil gris d'Amérique du Nord considéré comme une espèce invasive ©Getty - Ioannis Alexopoulos/SOPA Images/LightRocket
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C'est une tendance dans le milieu de la gastronomie : certains chefs ajoutent écureuils, poisson lion, crabe bleu ou vert au menu. Toutes ces espèces sont considérées comme "invasives", et les manger pourrait aider à diminuer leur nombre, et donc leur impact sur les écosystèmes.

Et je ne sais pas si vous savez mais l’un des journaux préférés de Camille, parce qu’il a toujours de super histoires dans ses pages environnement, c’est le Guardian… Et il y a quelques semaines, elle est tombée sur un article qui raconte comment l’« invasivorism » est de plus en plus tendance…

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Entendez par là manger des espèces invasives, envahissantes. « Quelqu’un veut un peu d’écureuil mijoté ? », titre le journal, avec photo d’un carré d’écureuil rôti / purée de carottes servi dans un restaurant d’Edinbourg en Ecosse, car là-bas, Sciurus carolinensis, l’écureuil gris, pullule, pourquoi pas donc manger ce rongeur pour aider à l’éradiquer… ? C’est bon et en plus c’est une bonne action pour l’environnement dit le chef, et ce n’est pas le seul !

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On le termine au four c’est encore mieux, et en bisque c’est sublime

Crabe bleu, crabe vert...

C’est un chef du Roussillon qui déclare cela à propos du crabe bleu, agressif et féroce qui dévore tout sur son passage et a colonisé vitesse grand V le pourtour méditerranéen, une cata pour l’écosystème. On le cuisine, donc, pour essayer d’en venir à bout. C’est pareil aux Etats-Unis mais avec le crabe vert qui passe à la friteuse !

« On embauche les plongeurs pour descendre, nettoyer le récif, ne laisser aucun poisson lion vivant… tuez-les tous, remontez tout, et on paye pour ça ! » explique un propriétaire de restaurant dans un reportage… Avec des résultats à la clé parait-il :

« Dans des zones où les gens pêchent massivement ces poissons-lions, on a vu leur nombre décroître, assez logiquement. Mais surtout le nombre d’espèces endémiques a remonté »

Alors là ce n’est plus un chef, mais un biologiste spécialiste de la conservation, Joe Roman de l’université du Vermont, que j’ai appelé pour savoir si cette idée de manger les envahisseurs pour les éradiquer pouvait vraiment être efficace… Réponse :

« Je pense que c’est l'un des outils… La chose la plus importante étant la prévention. Mais il y a aussi le contrôle biologique, par exemple mettre des insectes pour canaliser certaines espèces envahissantes… Donc je me suis dit que les humains pouvaient aussi avoir ce rôle… et quand j’ai parlé de ça la première fois il y a 15 ans, je n’avais aucun exemple à part dire « oui je pense que c’est une bonne idée »… mais maintenant, il y a de plus en plus de preuves que la pression humaine peut réduire les populations d’espèces invasives »

Un site "manger les envahisseurs"

Le scientifique a même lancé un site internet, « eat the invaders » (mangez les envahisseurs) avec un catalogue d’espèces, leurs caractéristiques biologiques d’un côté, et des recettes de l’autre !

« On a vu l’idée être de plus en plus populaire aux Etats-Unis et en Europe… Après tout l’idée de manger des espèces envahissantes plutôt que des espèces beaucoup trop demandées c’est un bon changement de comportement… Pas seulement éthique mais aussi éducatif, et drôle »

La chronique environnement
2 min

Il existe à Berlin un food truck qui sert de l’écrevisse de Louisiane mais aussi du raton-laveur et du ragondin… miam miam.. La FAO elle-même, l’agence de l’ONU pour l’alimentation, recommandait il y a quelques années d’augmenter la consommation de méduses par exemple pour lutter contre la prolifération de certaines… Et en Floride, l’an dernier, l’agence de conservation pour la nature appelait à manger les pythons birmans qui font d’énormes dégâts dans les Everglades pour se débarrasser des impressionnantes bestioles dévorant tout sur leur passage, que ce soit chat ou alligator. Cela dit vu le taux de mercure dans le coin il vaut mieux vérifier qu’il n’en soit pas plein avant de se lancer, mais certains l’ont fait :

Une omelette faite avec un œuf de python pour cette professionnelle qui les traque sur le terrain, et montre sur son Instagram comment elle les mange, elle cuisine la viande aussi et trouve ça délicieux…

Bon appétit !