L'image a fait le tour du web et a choqué jusqu'au ministère de la Transition écologique : celle d'un hélicoptère transportant de la neige dans une station des Pyrénées. Une pratique pas isolée, et assumée par beaucoup.
L'image d'un hélicoptère qui transporte au bout de la corde, un filet rempli de neige a donc fait le tour du web.
Ce sont 50 tonnes qui ont été transvasées vendredi et samedi dernier du haut de la station de Luchon Superbagnères dans les Pyrénées, vers le bas. Deux vols d’1h30, dont les images ont scandalisé plus d’un, à l’heure du changement climatique et de la protection de la planète. A commencer par la ministre Elisabeth Borne qui a réagi en écrivant qu’ « enneiger les stations de ski par hélicoptère n’est pas une voie possible ». Elle va réunir tous les acteurs du secteur en fin de semaine.
La station de Luchon Superbagnères se défend.
C'est une opération courte qui va nous permettre de poursuivre notre action pour le ski, pour l'école de ski et pour tous nos clients, parce que si on n'a pas de domaine pour débutants, on ne peut pas fonctionner.
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C'est ce que rappelle l’un des responsables de la station interviewé ce week-end pendant les opérations sur les pistes par France 3 Occitanie.
Un communiqué du président du syndicat mixte a été envoyé pour tenter de mettre fin à l’ « l’hélicogate » :
Je comprends les réactions négatives qu’a pu susciter l’image d’un hélicoptère transportant de la neige depuis le haut de la station jusqu’à la piste dite “baby”. .Je veux réaffirmer qu’il s’agit d’une intervention absolument exceptionnelle, engagée en dernier recours, et qui n’a pas vocation à se reproduire. L’objectif étant de permettre le fonctionnement des écoles de ski et des espaces débutants de la station de Luchon-Superbagnères, déjà mise en difficulté par l’ouverture très tardive de son domaine, jusqu’à la fin des vacances de février.
C’est vrai que le domaine a été fermé pendant les vacances de Noël et ce communiqué rappelle le plan de 150 millions d’euros d’investissements en faveur de la transition écologique.
La station des Pyrénées ne veut pas être mise au ban, d’autant qu’elle n’est pas la première à utiliser l’hélico pour transporter de la neige, coucou les Alpes ! Le 27 décembre dernier, ça s’est passé à Montclar dans les Alpes-de-Haute-Provence, sous les yeux du chef d’exploitation Valéry Vitte :
On avait des soucis pour redescendre les clients skis aux pieds, on n'avait pas assez d'enneigement, on redescendait les clients par le télésiège avec les skis sous les bras. Donc on a fait le choix de l'hélicoptère pour enneiger une partie de la piste.
Un trou de 150 mètres à combler précisément à une altitude de 1450m, avec de la neige fraîche prise, elle, à 1900m dans la station. C’est le président du Montclar Domaine Skiable, Alain Quièvre, qui a pris la décision
«La rotation était très courte, il y avait une très faible distance entre les deux points, on a dépensé 8 000 euros pour ces deux heures d'hélicoptère, on a dépensé 400L de kérosène, c'est-à-dire 0,7% de la consommation saisonnière de mes dameuses»
Alors il a révisé ses chiffres parce qu’il sait les attaques que provoquent ce genre de pratique. Et l’image anti-écolo que ça peut donner. Mais Alain Quièvre n’est pas DU TOUT d’accord
Il n'y a que les bien-pensants de la cité qui pensent cela, nous on a sauvé une économie rurale, il n'y a pas de grosses voitures, on essaye de faire ce qu'il faut. C'est une décision qui ne sera peut-être pas rééditée. Je pense que nous en tant que montagnards on est déjà très très proches de notre nature. On fait marcher nos télésièges avec une énergie verte puisqu'on est tout près du barrage hydroélectrique de Serre-Ponçon. On est déjà sensibilisés, il y a un grand décalage entre les gens de la ville et notre vie au quotidien.
Avec de gros enjeux économique était trop gros, semaine entre Noël et le nouvel an… 170.000 euros de retombées directes. Et les emplois préservés. Le calcul était vite fait
Entre l'image et mes 1400 emplois il n'y a pas photo.
Voilà une pratique totalement assumée, et il n’est pas seul puisque Philippe Voirin, directeur de la station de Gérardmer dans les Vosges, a décidé lui le 3 février dernier de faire venir de la neige en camion. Deux mille euros de camion et un peu de pollution, pour ne pas passer à côté de 50.000 euros cette fois de recettes et d’investissements pour l’avenir aussi.
Alors à ceux qui seraient tentés de dire « ils n’ont qu’à diversifier leurs activités », voilà la réponse de Montclar
Cela fait très longtemps qu'on est dans le système de diversification de nos activités.
Mais le ski reste le cœur des attentes pour Philippe Voirin à Gérardmer.
Mais la neige manque tellement désormais que même les camions – qu’il n’exclut pas de réutiliser – ne peuvent rien y faire : la station de Gérardmer est fermée depuis hier. La ministre et les professionnels du ski devront certainement aller au-delà de l’image médiatique, pour anticiper un avenir moins blanc que blanc. L'image
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