Un maire désabusé embauche une jeune intellectuelle pour réapprendre à penser. Fabrice Luchini et Anaïs Demoustier excellent dans ce film de Nicolas Pariser, qui met la parole en majesté.
La première raison pour laquelle j’aime ce film est assez peu objective : l’histoire se passe à Lyon. C'est ma ville. Qu’elle est belle, la presqu’ile filmée par Nicolas Pariser ! "Alice et le maire" est diffusé sur Canal Plus ce mardi 1er septembre. Dès les premières images, on comprend qu'Alice, le personnage joué par Anaïs Demoustier, vient de débarquer entre Rhône et Saône. Elle descend les pentes de la Croix Rousse d’un pas vif, elle passe devant l’Opéra, avec son dôme et sa façade vitrée, et entre dans la mairie de Lyon. Nous y voilà : c’est ici que tout va se jouer. Alice est une tête très bien faite, elle est normalienne. Le maire de Lyon, incarné par Fabrice Luchini, l’a embauchée parce qu’il n’a plus d’idées. Il le dit aussi simplement que ça. Essoré. Après trente ans de vie politique, il est en panne de carburant, il veut prendre du recul et réapprendre à penser. Fastoche ! Pour Alice, le job va consister à faire des fiches. Non, pas des fiches, des notes : Nora Hamzawi, qui campe une conseillère com', lui explique que les fiches, c’est à la télé. En politique, on fait des notes. Après avoir observé un peu le maire dans son environnement, de réunions en conseils municipaux, Alice choisit de faire une première note sur... la modestie en politique. Voilà qui pique au vif monsieur le maire.
La parole en majesté
Et ce maire, c'est Gérard Collomb ? Un peu. Le scénario s’inspire de l'ancien maire de Lyon, mais ça n’est pas exactement son histoire. En tout cas, la suite ne colle pas à la réalité. Ce qui est très savoureux, c'est que ce film est une satire du milieu politique (ses coups bas, ses mesquineries, sa langue de bois, ses effets de cour), mais il ne jette pas le bébé avec l’eau du bain, si j'ose dire. Car les idées ont de la valeur. La parole est en majesté. Tout repose, finalement, sur une joute oratoire entre deux grands comédiens, Anaïs Demoustier et Fabrice Luchini. Et ça n'est jamais rasoir.C'est fin, souvent drôle, souvent vertigineux aussi, sur l'absurdité de l'action publique, mais c'est un film qui rend plus intelligent.
Des dangers de trop penser
Alice, au début, n'est personne. Mais à force de dire au maire ce que les autres n'osent pas lui dire, de ne pas le flatter, elle grimpe très vite les échelons, son bureau devient plus grand. Voilà qui suscite des jalousies : tout le monde ou presque la déteste, à la mairie. Et les ambitions élyséennes du maire vont aboutir, au bout d'un moment, à une conclusion : trouver un sens à ce qu'on fait, c'est dangereux. Trop penser, c'est dangereux. Une conclusion à désespérer. Mais implacable.
Autre raison d'aimer ce film, encore une : cette belle relation entre Alice et le maire est purement platonique. Cela n'empêche en rien l'attachement, l'émotion et les orages. Mais une telle relation est suffisamment rare et précieuse dans la fiction pour être signalée. Bref, c'est un film à voir même si la capitale des Gaules ne vous est pas familière. Je vous glisse au passage un dicton plein de sagesse. "Tout le monde y peut pas être de Lyon, il en faut ben d'un peu partout".
« Alice et le maire », de Nicolas Pariser, mardi 01/09/20 à 21h sur Canal Plus, pour les abonnés.
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