

Vous avez raté l'exposition consacrée à Jean-Michel Basquiat qui s'est achevée fin janvier à la Fondation Vuitton, à Paris? Canal Plus vous propose une séance de rattrapage, avec un film virevoltant qui rend hommage à cet artiste de génie.
Je voudrais m'adresser à celles et ceux qui en ont marre qu'on parle des musées parisiens sur France Inter. A commencer par ma sœur. Pardon de vous raconter ma vie, mais ma sœur vit à Lyon et elle m'engueule tout le temps à ce sujet, comme si j'étais France Inter à moi toute seule. Elle enrage contre les reportages et les émissions qui donnent envie de courir voir tel ou tel événement, alors que c'est trop loin de chez elle. Par exemple la sublime expo Jean-Michel Basquiat, qui s'est terminée fin janvier, à la fondation Louis Vuitton, à Paris. Eh bien je voudrais proposer à ma sœur, qui ne l'a pas vue (mais aussi à tous ceux qui le souhaitent, ne soyons pas mesquin), une séance de rattrapage : "Basquiat, visite privée", ce mercredi soir sur Canal Plus.
Disiz en guise de conteur
C'est donc un documentaire sur l'exposition. Je sais : ça fait un peu peur, sur le principe. On voit venir le truc rasoir. Eh bien non, promis ! Ce film très court (il dure 25 minutes), réalisé par Adrien Boyer, est plein de grâce. On déambule dans ce bâtiment aux allures de voilier en verre, la fondation Vuitton. Le musée est vide - luxe inouï - et on suit une silhouette, un homme qui ressemble à Jean-Michel Basquiat et se promène de toile en toile. La caméra s'attarde sur certains tableaux. On est happé par ce trait faussement enfantin, par l'éclat des couleurs, par la rage, la puissance. Et pour entrer dans la peinture, une voix off : celle du rappeur Disiz.
Ceci n'est pas un audioguide
Le texte lu par Disiz a été écrit par un romancier, Pierre Ducrozet. Bien plus qu'une visite guidée d'exposition, ce film est un exercice de style littéraire. On plonge dans l'œuvre et dans la vie du peintre. Basquiat ne fut pas un artiste maudit, loin de là. Ses tableaux se sont vendus à prix d'or de son vivant. Une œuvre monumentale (plus de 1000 tableaux, 2000 dessins) et fulgurante, car il est mort très jeune, à 27 ans. Ses tableaux font surgir une émotion brute, presque physique. On croit qu'ils sont brouillons, désordonnés : c'est tout l'inverse. Et partout, cette obsession pour le corps humain : des corps morcelés, fragmentés. Basquiat, à l'âge de sept ans, a été renversé par une voiture. Il a dû être opéré, on lui a enlevé la rate. Depuis, c'est comme s'il n'avait jamais cessé de vouloir colmater ce vide.
Vous l'aurez compris, ce film est tout sauf un audioguide de musée mis en image. C'est un hommage vibrant au travail de cet immense artiste. Mais il reste un problème de taille : ma sœur n'est pas abonnée à Canal Plus !
Biographie romancée
J'ai une solution. Il faut qu'elle lise ce livre : Eroica, de Pierre Ducrozet, sorti en 2015 et disponible en poche chez Babel. Oui le même Pierre Ducrozet. Parce que la fascination de cet écrivain pour le peintre new-yorkais n'est pas neuve. Eroica est une biographie romancée. Un livre souvent bouleversant, à l'image de la vie de Basquiat. Mais un livre, surtout, plein de souffle et d'ardeur. Comme si l'auteur avait voulu voir ce que cette peinture-là faisait à sa plume à lui, comment elle influençait sa façon d'écrire. Pardon : voilà que je parle littérature dans une chronique télé. Mais c'est la faute de ma sœur !
"Basquiat, visite privée." Sur Canal Plus mercredi 3 avril à 22h40, et ensuite en replay syr MyCanal.
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