Dans Rembob'INA, Badinter et l'abolition de la peine de mort : l'éloquence du cœur

Robert Badinter raconte à Patrick Cohen ses souvenirs de ce discours historique en 1981, qui dura près de deux heures.
Robert Badinter raconte à Patrick Cohen ses souvenirs de ce discours historique en 1981, qui dura près de deux heures. - Silvere Gerard - Agence 1827 pour LCP
Robert Badinter raconte à Patrick Cohen ses souvenirs de ce discours historique en 1981, qui dura près de deux heures. - Silvere Gerard - Agence 1827 pour LCP
Robert Badinter raconte à Patrick Cohen ses souvenirs de ce discours historique en 1981, qui dura près de deux heures. - Silvere Gerard - Agence 1827 pour LCP
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L'émission de Patrick Cohen sur LCP diffuse en intégralité le discours de Robert Badinter pour l'abolition de la peine de mort devant l'Assemblée Nationale, en 1981. Si vous ne le regardez pas pour la page d'histoire que cette allocution représente, faites-le pour la leçon magistrale d'éloquence.

Avec
  • Robert Badinter Homme politique, ancien président du Conseil Constituttionnel, ancien Garde des Sceaux

sRembob’INA est une émission présentée par Patrick Cohen qui propose de revivre les grands événements télévisés. Ce dimanche 3 octobre, elle se penche sur un discours historique : septembre 1981, Robert Badinter, à l’Assemblée Nationale, demande aux députés de voter l’abolition de la peine de mort.

L’ancien garde des sceaux est là, quarante ans plus tard, sur le plateau de LCP, pour se plonger dans ses souvenirs.

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Mais le cœur de l’émission, ce sont les images d’archives. Ce discours célèbre, dont voit souvent de courts extraits, est cette fois proposé en intégralité, tel qu’il a été diffusé en direct sur FR3 à l’époque

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Ce combat qu’il mène depuis si longtemps, le combat de sa vie, Robert Badinter sait qu’il est sur le point de le remporter. L’Assemblée face à lui est acquise d’avance. Et pourtant il prend soin de rappeler le retard honteux et dramatique de la France, qui assassine encore au nom de la justice. La France qui sera l'un des dernier pays d'Europe occidentale à décider l'abolition. 

Le silence de l’hémicycle est impressionnant. Le ministre, les mains accrochées à son pupitre, rend hommage aux abolitionnistes avant lui. Notamment Jean Jaurès, en 1908. Robert Badinter savait, évidemment, qu’il tournait ce jour-là une page de l’histoire de France. Il s’était préparé longuement. Il avait écrit son discours seul, à la main. Il l’avait sans doute appris par cœur, car il le regarde à peine. 

De l'usage des silences et des répétitions

Ses arguments (notamment sur le prétendu effet dissuasif de la peine capitale) sont éclairants, implacables, puissants. Et à vrai dire, si vous ne regardez pas cette émission pour sa valeur historique, faites-le surtout pour l’art oratoire. C’est une leçon magistrale. Prêtez attention au rythme de ses phrases, à la façon dont il marque des pauses. A son usage finement dosé de la répétition. Le garde des seaux soigne ses silences. Il gronde, il tempête, il se fâche et parfois chuchote presque. Je vous mets au défi de ne pas avoir la chair de poule à un moment ou un autre de cette allocution, qui dure une heure et demie.  

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Je vous recommande, aussi, l’entretien que Robert Badinter accorde à Patrick Cohen après la diffusion de l’archive, car il esquisse les différences entre un discours à l’Assemblée et une plaidoirie en cour d’assise. L’avocat Badinter n’écrivait pas ses plaidoiries. Aux assistes, explique-t-il, il faut que les hommes et les femmes dans le jury entendent un homme leur parler, pas un avocat, encore moins un politique. Jamais il ne fallait lâcher les yeux des jurés, pour espérer les convaincre. Le point commun, évidemment, c’est la présence. Les mots que l'ancien garde des sceaux choisit pour Jaurès lui vont aussi très bien à lui : 

L’éloquence du cœur, l’éloquence de la raison.  

Rembob'ina est à voir sur LCP ce dimanche 3 octobre à 21h.  

Robert Badinter, ministre de la Justice, le 17 septembre 1981 à l'Assemblée Nationale, défendant son projet de loi sur l'abolition de la peine de mort
Robert Badinter, ministre de la Justice, le 17 septembre 1981 à l'Assemblée Nationale, défendant son projet de loi sur l'abolition de la peine de mort
© AFP - Dominique Faget

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