"Patti Smith, la poésie du punk" : un documentaire grisant, sur Arte

Patti Smith, poétesse, musicienne, chanteuse, écrivaine, photographe. Toujours radicale et libre.
Patti Smith, poétesse, musicienne, chanteuse, écrivaine, photographe. Toujours radicale et libre. ©Getty - Tom Hill / WireImage / Getty Images
Patti Smith, poétesse, musicienne, chanteuse, écrivaine, photographe. Toujours radicale et libre. ©Getty - Tom Hill / WireImage / Getty Images
Patti Smith, poétesse, musicienne, chanteuse, écrivaine, photographe. Toujours radicale et libre. ©Getty - Tom Hill / WireImage / Getty Images
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Elle a toujours revendiqué l'art comme force politique. En cinquante ans de carrière, Patti Smith a réussi l'exploit de devenir une légende vivante sans jamais quitter la marge. Un documentaire à voir sur Arte raconte l'histoire de cette femme libre qui a créé sa vie comme elle l'a rêvée.

C'est une plongée grisante, passionnante et très touchante dans la vie de celle qui n’a cessé de réveiller le rock et de revendiquer son art comme une force politique. "Patti Smith, la poésie du punk" sera diffusé sur Arte vendredi 7 janvier (une soirée spéciale pour fêter les 75 ans de la chanteuse) et il est déjà disponible en ligne. 

Sophie Peyrard et Anne Cutaia racontent l'histoire d'une femme qui a réussi l'exploit de devenir une légende vivante sans jamais quitter la marge. En cinquante ans de carrière, elle n'a signé qu'un seul tube commercial : "Because the night", créé avec Bruce Springsteen. 

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"Amoureuse" d'Arthur Rimbaud

Tout commence à l’été 1967, en pleine vague du « flower power » : Patricia Lee Smith a 20 ans, elle débarque à New York. Elle a quitté son New Jersey natal sans un rond, mais avec ses biens les plus précieux : un carnet de notes, des crayons de couleur, et un exemplaire des « Illuminations » de Rimbaud.

En 1964, je suis tombée sur un livre, « les Illuminations », je l’ai ouvert. Le beau visage de Rimbaud et son langage m’ont complètement séduite et je suis tombée amoureuse. Une relation, ça se vit avant tout dans la tête. Quelle différence que je tombe amoureuse d’un garçon de ma classe qui m’ignorait ou de Rimbaud, dont je pouvais décider qu’il ne m’ignorait pas. 

A New York, elle vit au début dans une grande pauvreté. Elle dort souvent dans la rue et n’a rien à manger, mais elle se sent heureuse et libre, dans cette ville « qui la forme et la déforme », dit-elle. Elle rencontre Robert Mapplethorpe, qui deviendra un célèbre photographe. Ils deviennent amants puis amis et ne se quittent plus. Amitié immense, increvable, entre deux idéalistes, deux artistes à la marge. Robert et Patti partagent une chambre minuscule au Chelsea Hotel, haut lieu de l’underground new-yorkais : on y croise à l’époque Janis Joplin, Jimi Hendrix, Andy Warhol

Brouiller les frontières du genre

Patti se fait peu à peu remarquer en déclamant ses poèmes, accompagnée à la guitare électrique. Elle crée son propre style, résolument subversif. Ensuite vient la musique : elle déploie sur scène une énergie furieuse, sauvage et débraillée, une radicalité qui impressionne. Elle brouille les frontières du genre, cultive un look androgyne. Elle n’entre jamais dans aucune case. 

Son premier album, « Horses », sort en 1975 et lui ouvre les portes de la gloire. Mais comment, dans ce contexte, rester fidèle à elle-même ? En reprenant le titre des Birds sur la vacuité du star système, elle met en lumière l’ironie de sa propre condition.

N’oublie pas qui tu es, une rock n'roll star...

Patti Smith, incontestablement, a eu plusieurs vies. Elle a disparu des radars pendant près de dix ans, s’est mariée et a eu deux enfants. Puis elle est remontée sur scène après la mort de son mari, celle de son frère et de son grand ami Rober Mapplethorpe. Elle a mis des mots sur le deuil. Elle a ensuite exploré la photographie et les arts visuels, toujours en navigant à la marge. 

Ce documentaire s’appuie sur une foule d’images d’archives exceptionnelles, notamment des toutes premières prestations sur scène de Patti Smith. Rarement le mot « liberté » n’a eu autant de relief que dans ce parcours-là. Patti Smith est une éternelle avant-gardiste. Commencer l’année avec elle fait un bien fou. 

« Patti Smith, la poésie du punk », à voir sur le site d’Arte dès maintenant, ou vendredi 7 janvier à 22h25 pour la diffusion à la télé.