Dans une série co-signée Rebecca Manzoni, découvrez comme les artistes de toutes les époques se sont emparés des célèbres carrés de Mondrian et d'autres classiques de l'histoire de l'art. Des épisodes courts, joyeux, érudits et animés avec malice.
Révisons nos classiques, en regardant de près ce qu’en a fait l’art contemporain. Le propre des chefs d’œuvre, c’est d’être en permanence célébrés, cités, réinventés ou même moqués dans d’autres œuvres d’art. Allez donc regarder sur le site d’Arte une série documentaire baptisée « Artjacking », qui parvient à être à la fois joyeuse et exigeante, accessible et foisonnante. Les épisodes sont très courts, entre 4 et 5 minutes. L’un d’entre eux, par exemple, est consacré au « radeau de la méduse », de Géricault.
Rebecca Manzoni a co-écrit cette série, avec l’historienne de l’art Magali Le Mens.
Chaque épisode est consacré à un grand tableau, à vous de piocher ou de tout dévorer : « les Ménines » de Diego Velázquez, « la Cène » de Léonard de Vinci, « ceci n’est pas une pipe », de René Magritte. Je vous recommande en particulier l’épisode consacré à Mondrian, dont l’ambition était d’ordonner le chaos du monde, avec des lignes, des carrés, des rectangles et des couleurs primaires. L’un de ceux qui rendirent à l’épure de Mondrian le plus bel hommage n’était pas peintre, mais couturier : Yves Saint Laurent réussit à marier les courbes féminines avec l’exigence rectiligne. Et les robes Mondrian de Saint Laurent ont aussi participé à la notoriété du peintre hollandais : la boucle est bouclée.
Ce qui est captivant, dans cette série, c’est de voir comment chaque pastiche, chaque hommage d’une œuvre raconte les dérives d'une époque, et ses préoccupations. Les variations autour du « Bain Turc », par exemple, célèbre tableau d’Ingres, montre la place arrachée par les femmes dans l’art, au fil des décennies.
Quelle meilleure manière d’apprivoiser l’art contemporain, que de l’aborder avec des images familières ?
Hors de question de crier au sacrilège : l’art est une matière vivante. Réinventer un classique, c’est aussi, pour l’artiste, une façon de faire un lien entre lui et le reste du monde, de montrer que nous partageons des références communes. Exactement comme quand un chanteur d’aujourd’hui reprend un vieux tube !
La grande qualité de cette série, outre la voix de Rebecca Manzoni qui nous embarque, c’est le travail d’animation très réussi : des gros plans sur les tableaux, des œuvres d’arts qui bougent, qui prennent vie sous nos yeux. Le rythme est là, le savoir et le sourire aussi : l’art contemporain nous tend la main avec malice.
- « Artjacking, le grand détournement » : à voir sur le site d’Arte. Dix épisodes de 5 minutes.
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