

Le film de Nicolas Pariser avec Anaïs Demoustier et Fabrice Luchini est disponible sur le site d'Arte. Une fiction qui n'a rien à voir avec la présidentielle 2022, mais qui pose une question sans doute d'actualité : la modestie est-elle une vertu cardinale en politique ?
Rarement une fiction politique n’a sonné aussi juste. "Alice et le maire" sera diffusé sur Arte le 27 avril, mais est déjà disponible sur le site de la chaine. Comme l’indique le titre de ce film de Nicolas Pariser, il n’est pas question, ici, de la pratique du pouvoir présidentiel (encore que la course à l’Élysée fasse partie du scenario). « Alice et le maire » raconte la rencontre entre une jeune femme aussi intelligente qu’inexpérimentée, campée par Anaïs Demoustier, et un vieux loup à bout de souffle (Fabrice Luchini). Luchini est le maire de Lyon. Un maire socialiste, dans un contexte où le PS est un parti puissant (là encore on est loin, bien loin, de la période que nous vivons, mais l’essentiel n’est pas là).
Profession : prendre du recul
En quoi consiste le boulot d’Alice, tout juste diplômée en philosophie et en littérature ? C’est Nora Hamzawi, dans le rôle d’une redoutable communicante, qui lui explique : elle doit prendre du recul. La mission est limpide, pas vrai ? Son rôle est d’écrire des fiches pour réveiller l’intelligence du maire.
La modestie est-elle une vertu cardinale en politique ? Question très saine, je crois, en cet entre deux tours. Les premiers mots qu’Alice écrit sur son cahier, quand elle s’attelle à prendre du recul, puisque c’est son job, sont : « un peu de modestie ». Elle encadre le mot modestie et liste ensuite les auteurs qui pourront l’aider à y réfléchir : Rousseau, Orwell, Illich… Le regard d’Alice sur le monde politique, qu’elle ne connait pas, va bousculer le maire, qui de son propre aveu n’arrivait plus à penser.
Satire politique
Alice n’a pas d’expérience, mais elle est intelligente et clairvoyante. Elle dit au maire ce qu’elle pense, elle ne le flatte pas, c’est rare. Cela n’empêche pas Paul Théraneau d’être arrogant et paternaliste, souvent. Les dialogues entre ces deux personnages sont très réussis et brillamment joués par Luchini et Demoustier. Cela donne à ce film une grande qualité : il pose des questions essentielles, sans donner les réponses. Le cynisme du monde politique, ses contraintes et ses absurdités, ses effets de cour, sont décrits avec férocité. On en sort réveillé intellectuellement (un peu comme voudrait l’être Paul grâce à Alice) et mieux armé, peut-être, pour s’intéresser aux idées. Par exemple devant un débat entre deux candidats à la présidentielle.
« Alice et le maire » : un film de Nicolas Pariser, à voir sur le site d’Arte.
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