Emile Dutilleul, assureur, constate un jour qu'il peut traverser les murs. Denis Podalydès insuffle à ce personnage créé par Marcel Aymé une douce mélancolie, dans un téléfilm à voir sur Arte. Détail très important : dans cette version, le passe-muraille tombe amoureux...
Personne ne rêve de pouvoir traverser les murs. Cela semble tristounet, comme super-pouvoir. Pas très ambitieux. Et pourtant, quel enchantement de n’être enfermé nulle part ! « Le passe-muraille » est diffusé vendredi 29/11 sur Arte (et disponible ici en replay). Une adaptation de la célèbre nouvelle de Marcel Aymé. On se souvient que Bourvil avait joué le personnage de Dutilleul au cinéma dans les années 1950. Cette fois, Denis Podalydès incarne cet antihéros terne et résigné, dans un téléfilm sorti en 2016. Téléfilm, j’insiste parce que ce mot semble souvent péjoratif. Eh bien celui-ci est une merveille.
Sur un air d'Erik Satie
Dante Desarthe, le réalisateur, a transposé cette fable dans le Paris d’aujourd’hui. Emile Dutilleul est assureur « J’avais une formation de comptable, explique-t-il, mais l’assurance c’est plus rock n’roll. » Expert en sinistre, donc. Mais dans cette nouvelle version du passe-muraille, Dutilleul n’est pas acariâtre. Il suffit, pour s’en convaincre, de l’écouter jouer Erik Satie au piano.
Denis Podalydès insuffle à son personnage une douce mélancolie, une ironie malicieuse, beaucoup de poésie déguisée en humilité. Un beau jour, cet homme dont la vie est réglée comme du papier à musique constate qu’il traverse les murs. Il se trouve qu’il prenait un médicament tous les jours, pour éviter les émotions fortes. Et que ce médicament n’existe plus.
Ce qu'il en coûte de vivre
Faut-il éviter les émotions fortes ? Voilà tout l’enjeu. Ce joli film interroge subtilement la normalité et la différence. Mais il rappelle surtout ce qu’il en coûte de vivre. De vivre vraiment. Car Dutilleul tombe amoureux. Cette histoire d'amour n’était pas dans la nouvelle de Marcel Aymé. Emile rencontre Ariane (incarnée par la formidable Marie Dompnier) et il est un peu terrifié, prétendument à cause de son pouvoir. C’est vrai que ce n’est pas commode, de traverser celle qu’on aime... Mais il va peut-être comprendre l’essentiel. « Mieux vaut la beauté que l’indifférence, lui écrit sa mère dans une lettre. Mieux vaut même la souffrance qu’une tranquillité stérile et sans amour. »
En somme, la question ici n’est pas de savoir si, selon la formule consacrée, de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités. D'ailleurs, Dutilleul va surtout se servir de son superpouvoir pour braquer les banques, les bijouteries et les musées. Non, ce film irrésistible vient nous rappeler que nos vies sont faites de cases qu’il faut savoir occuper et de cases dont il faut parfois sortir.
« Le passe-muraille ». Vendredi 29/11 sur Arte à 20h55 ou en replay sur le site d’Arte.
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