Documentaire : Huaweï, un espion venu de Chine ?

Plus de trois millards de personnes dans 170 pays utilisent des produits Huaweï.
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Plus de trois millards de personnes dans 170 pays utilisent des produits Huaweï.  - France 5 / Maximal
Plus de trois millards de personnes dans 170 pays utilisent des produits Huaweï. - France 5 / Maximal
Plus de trois millards de personnes dans 170 pays utilisent des produits Huaweï. - France 5 / Maximal
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A voir sur France 5, un documentaire éclairant pour comprendre la guerre commerciale et géopolitique que se livrent les États-Unis et la Chine via le géant chinois des télécoms. Huaweï est-il le cheval de Troie du régime chinois ?

La téléphonie, c’est de la géopolitique : si vous avez le moindre doute là-dessus, regardez ce documentaire : "Qui a peur de Huaweï?" est diffusé ce mardi 14 janvier à 20h50 sur France 5. Il dure 1h10 et explique, de façon très claire et très fouillée, pourquoi et comment cette entreprise chinoise est au cœur de la guerre commerciale que se livrent les États-Unis et la Chine. 

Une longueur d'avance sur la 5G

Il faut bien comprendre que Huaweï n’est pas seulement un fabricant de téléphones. Il en fabrique, ça oui, et beaucoup. C’est le deuxième vendeur de smartphones de la planète, devant Apple (et derrière Samsung). Mais c’est surtout l’entreprise qui dépose le plus de brevets au monde. Huaweï est très en pointe, notamment, sur la 5G. L’entreprise a commencé à investir sur cette technologie bien avant ses concurrents. Et sa longueur d’avance est tout sauf un détail. 

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Voilà pour le poids commercial de Huaweï. Dans ce contexte, la crainte des États-Unis, c’est que l’entreprise, avec son immense réseau, serve de cheval de Troie. Qu’elle permette au régime de surveiller ses usagers et de récupérer des données. Soupçons d’espionnage et de piratage, donc. 

Et il existe un précédent, en la matière : l’affaire de l’Union Africaine. Dans le siège éthiopien de cette organisation, tout le système de communication du bâtiment a été fourni par Huaweï. Un beau jour, on s’est rendu compte que pendant des années, des données étaient transférées en Chine toutes les nuits. Des enregistrements de réunion, notamment. Il n’est pas avéré que Huaweï ait joué un rôle direct dans ces transferts. Le renseignement chinois a très bien pu placer des logiciels espions sans que l’entreprise le sache. Mais voilà qui renforce les inquiétudes.

L’intérêt de ce documentaire, c’est aussi qu’il donne la parole à l’accusé. Voici en substance ce que répond Huaweï, par la voix de sa numéro 2 : si Trump nous accuse de vouloir espionner les Américains, c’est parce que notre technologie va l’empêcher de les espionner lui-même ! La réponse peut sembler un peu puérile, mais elle permet de prendre du recul sur l’attitude de Washington. Car beaucoup des reproches que formulent les Américains à l’égard de Huaweï (concernant les liens entre le pouvoir et les entreprises) peuvent tout à fait être formulés contre Washington dans sa relation avec les GAFAM. 

Valenciennes, ville test

Et puis, au-delà de la 5G, les inquiétudes concernent la vidéosurveillance. Huaweï est très fière de sa technologie baptisée « safe cities », des villes dites « sûres », grâce à des caméras de surveillance à reconnaissance faciale. Huaweï a notamment déployé ses caméras intelligentes - c’est un fait peu connu - à Valenciennes. L’ancien maire de la ville, Jean-Louis Borloo, est aujourd’hui membre du conseil d’administration de Huaweï France. Plus de 200 caméras high tech ont été offertes à la ville en 2017. La ligue des droits de l’homme s’étrangle. Ces caméras sont-elles équipées d’un système de reconnaissance faciale ? On n’aura pas la réponse, malheureusement. Mais un militant local rappelle cette citation de Benjamin Franklin : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité finit par perdre les deux. » 

« Qui a peur de Huaweï ? ». Documentaire signé Roman Besnainou, à voir sur France 5 mardi 14/01 à 20h50, suivi d’un débat animé par Marina Carrère d’Encausse.

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