

Dans les années 1970, le gendre du président égyptien Nasser transmettait aux Israéliens des informations sensibles. Netflix consacre un film à ce personnage fascinant, mort en 2007. Traître ou agent double ?
C’est l’histoire d’un ennemi de l’intérieur. Imaginez un peu : vous êtes chef d’Etat et votre gendre travaille, en toute discrétion, pour votre pire ennemi. Votre gendre ! Un proche parmi les proches, celui qui a épousé votre fille, conspire contre vous. Là où cela devient encore plus fascinant, c’est qu’il s’agit d’une histoire vraie. Nous sommes en Egypte dans les années 60-70. Ashraf Marwan est le gendre du président Gamal Abdel Nasser. A la mort de ce dernier, il devient un très proche collaborateur de son successeur, Anouar el-Sadate. Et il travaille en sous-main pour le Mossad, les services secrets israéliens.
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En 1973, quand l’Egypte et la Syrie préparent une offensive surprise contre Israël, Ashraf Marwan prévient les Israéliens. Et l’offensive n’a plus rien de surprise. C’est la guerre du Kippour. Voilà un homme qui, à lui-seul, a façonné l’histoire du Moyen-Orient.
Les questions se bousculent. Mais pourquoi fait-il cela ? Est-ce pour limiter le nombre de morts, est-il un artisan de la paix, comme il le prétend ? Ne serait-ce pas plutôt l’appât du gain ? Et si c’était surtout une histoire de famille ? Trahir son pays pour se venger du mépris de beau-papa...
Traître ou agent double
C’est fou comme un film à suspense très efficace est encore plus passionnant quand on sait que c’est une histoire vraie. Mais est-elle seulement vraie ? Le débat est relancé en Egypte, en tout cas. Dans ce pays où Netflix est très populaire, ce film est perçu comme une provocation. Parce que la version égyptienne de cette histoire, c’est qu’Ashraf Marwan a roulé les Israéliens dans la farine : il a obtenu leur confiance avec de vraies infos sensibles (monnayées à prix d’or) mais c’était pour mieux les embobiner ensuite. Pas un traitre, donc, mais un agent double ! C’est d’ailleurs la version privilégiée par Monsieur X, dans une émission consacrée à Ashraf Marwan sur France Inter. Ce type-là est un héros dans les deux pays, en Israël et en Egypte. J’oubliais : oh, un petit détail de rien du tout. Le réalisateur de "l'Ange du Mossad" est Israélien. Provocation, vous dis-je !
Le film, en tout cas, est suffisamment subtil pour ne pas s’apparenter à de la propagande israélienne. Le scénario laisse planer une précieuse part de mystère sur cette histoire. Il y a évidemment une bonne dose de fiction, d’invention. La réalité est sans doute beaucoup plus compliquée, mais on risque bien de ne jamais la connaitre : Ashraf Marwan est mort en 2007 à Londres, dans des circonstances suspectes. Il est tombé de son balcon. Un accident malencontreux, bien entendu.
L'Ange du Mossad (film d'Ariel Vromen, durée 1h54) : disponible sur Netflix.
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