

TMC propose ce mardi 15 décembre une rétrospective de l'année 2020 sans la moindre parole. Des images d'actualité silencieuses. Version XXL de la courte séquence diffusée dans "Quotidien". Et l'année 2020. en effet, mérite qu'on la regarde dans les yeux sans faire de commentaire !
Chaque mois de décembre, c’est la même chose : les chaines de télé diffusent des « best-of », des rétrospectives, des retours sur les moments forts de l’année. En général, je n’y vois aucun intérêt. Mais là, comment vous dire… 2020 le mérite ! Cette année mérite que nous réalisions ce qu’il s’est passé. Que nous prenions du recul. Il nous faut regarder 2020 dans les yeux, mois par mois.
L'audace du silence à la télé
Je vous conseille de passer la soirée du mardi 15 décembre devant TMC, qui propose « l’année du silence ». C’est la version longue d’une séquence diffusée dans « Quotidien », l’émission de Yann Barthès. Un montage d’images piochées à la télé ou sur le web, sans le moindre commentaire ni la moindre bande son. Un zapping silencieux, en quelque sorte. Ça n’est pas rien, tout de même, le silence à la télé ! Il faut saluer cette audace.
Mois par mois, les images se succèdent. Les incendies en Australie. Les larmes de Michael Jordan à la mort de Kobe Bryant. La fuite de Carlos Goshn. La cérémonie des Césars, on se lève et on se casse. La réforme des retraites. A chaque fois, du texte apparait à l’image, pour donner des éléments de contexte. Avec un joli travail d’iconographie, d’ailleurs : le texte épouse l’image, il se déplace en fonction de ce qui apparait à l’écran, cela ajoute une touche de fantaisie. Et tout ça, en silence. Enfin… non, pas tout à fait. On entend des bruits. Des sons d’ambiance. Le bip de la caisse d’un supermarché, sur des images de ruée vers le papier toilette, juste avant le premier confinement. Le bruit des oiseaux dans les villes désertées par la foule. Ce que propose cette émission, ce n’est pas le silence mais l’absence de commentaires. Et ça fait un bien fou ! Les images, ainsi, prennent un autre relief. Elles deviennent plus solennelles, parfois. Par exemple, celle de ces canards qui se promènent devant la Comédie Française, en plein centre de Paris, pendant le premier confinement. Vous les avez vues sans doute vingt fois, elles tournaient en boucle sur les chaines d’info. Mais sans aucun commentaire, elles sont d’une grâce folle. Les applaudissements aux fenêtres, sans aucun bruit cette fois, pas de son d’ambiance du tout, font un effet presque hypnotique.
Des pubs silencieuses !
La coupure pub, dans ce contexte, paraitrait bien agressive. Eh bien non, justement. TMC annonce que les pubs aussi seront silencieuses. Les annonceurs ont joué le jeu et toute la soirée se fera sans une parole. Dix spots de pubs ont été spécialement conçus pour l’occasion. Plus d’une heure et demie à la télé sans aucune parole, en prime time, c’est exceptionnel.
La crise sanitaire, vous vous en doutez, prend une large place dans cette rétrospective en images. Mais je retiens, pour ma part, une séquence qui n’a rien à voir. La plume d’un stylo au dessus d’une feuille blanche, filmée en gros plan. Le stylo s’apprête à écrire, puis se ravise. Ensuite seulement, un plan large, et du texte, pour que l’on comprenne la scène. Nous sommes à Auschwitz, en janvier 2020. Edouard Philippe participait au 75ème anniversaire de la libération des camps. On comprend alors qu’il doit écrire quelque chose sur le livre d’or du mémorial. Et apparait à l’écran, juste à côté du stylo, ce petit texte : « trouver les mots ». Cette danse du stylo qui hésite, sur du papier blanc, résume à elle seule la nécessité de cette rétrospective silencieuse. Parfois, les mots sont en trop.
Mais comme je ne voudrais pas terminer sur cette image tragique, car l’émission ne l’est pas, sachez que le carnaval de Dunkerque sans le son, ça vaut son pesant de cacahuètes ! Qu’il est doux de revivre une année chaotique et bruyante… en silence.
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