Une série documentaire en trois épisodes, à voir sur le site d'Arte, raconte l'histoire de la danse - de toutes les danses - sur un ton pop et ludique. On se passionne pour les pieds des danseurs, qui sont leur outil de travail et le socle de leur talent.
Mon conseil télé du jour se passe en replay sur le site d'Arte. Mais je ne sais pas si je le conseille, finalement... parce que c’est un peu dangereux : on se connecte pour voir un film et on est attiré par autre chose, résultat on y passe un temps fou. Par exemple, si vous regardez « Michel Legrand sans demi-mesure », qui a été diffusé lundi soir. Il faut voir ce documentaire sur la vie et l’œuvre du compositeur disparu samedi, parce que c’est passionnant, mais surtout parce que c’est beau : truffé de trouvailles dans le montage, dans l’écriture, dans le rythme. On apprend que Legrand, au début de sa carrière, a été méprisé par la critique : « Michel Legrand confond la musique avec les fonderies du Creusot », lisait-on dans France Soir en 1956 ! On voit aussi Damien Chazelle, le réalisateur de La La Land, dire toute son admiration pour les parapluies de Cherbourg. Et on écoute Michel Legrand lui-même : il avait accordé un long entretien à Grégory Monro, l’auteur de ce documentaire, il y a quelques semaines.
Je ne me suis jamais perdu de vue. Je me suis détesté, je me suis adoré et nous avons vieilli ensemble. (...) C'est Paul Valéry qui chante ça. Il a raison !
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« Michel Legrand sans demi-mesure », en replay jusqu’au 9 février. Mais c’est dangereux, disais-je ! Parce que sur la page d’accueil du site d’Arte, vous tomberez sur des gens tous nus. Et vous risquez de cliquer.
Raconter la danse par le corps
Qui sont ces gens tous nus ? Des danseurs ! Ne ratez pas cette virevoltante série documentaire, en trois épisodes, sur l’histoire de la danse : Let's dance ! Une histoire de toutes les danses (ballet, flamenco, hip hop, cabaret, et j’en passe). Et l’un des épisodes se penche sur la nudité : pratique commune en danse contemporaine mais qui fut longtemps synonyme de provocation. Comment se justifie le nu dans un spectacle ? Et comment s’évanouit (ou pas) la pudeur des danseurs ? Les questions que le nu soulève sont inépuisables et politiques.
Mais je vous recommande surtout un autre épisode, consacré au pied. Oui, le pied ! C’est l’outil de travail du danseur, l’objet de son talent, c’est le socle de la danse. Le bien nommé Benjamin Millepied, chorégraphe, parle de l’émotion qu’on peut mettre dans un simple mouvement de pied. Angelin Preljocaj, autre chorégraphe dit son émerveillement pour cet objet de « haute technologie biologique » : il est épaté par les infinies corrections dont sont capables la cheville et la malléole pour danser. D’ailleurs les pieds des danseurs, dans ce documentaire, sont filmés avec brio : ils se mettent en scène et s’adressent à nous pendant qu’ils dansent.
Le pied, socle de la danse
C’est un lieu commun de parler de la torture que les danseurs et danseuses imposent à leurs pieds. Mais Marie-Agnès Gillot explique qu’elle est accro aux pointes ! Parce que sur la pointe des pieds, cette danseuse étoile se sent « happée par le ciel ». Et du chausson en satin à la basket de hip hop, il n’y a qu’un pas : Ken Swift, légende vivante du break dance, raconte que quand il était gosse, il abimait ses chaussures toujours au même endroit. Sa mère l’engueulait, elle ne pouvait pas en racheter. Alors il s’est mis à changer de mouvements. C’est donc en voulant préserver ses baskets qu’il a amélioré sa technique !
Cette idée – comme toutes bonnes idées – était toute simple : raconter la danse par le corps. Et c’est une réussite. Olivier Lemaire parvient à nous plonger dans cette histoire sans académisme, avec une veine pop, et nous prend par la main (ou par le pied) avec enthousiasme. Quelque chose me dit que vous ne verrez plus jamais vos orteils de la même manière !
« Lets’s dance ! » : série en trois épisodes, disponibles jusqu’au 21 février sur le site d’Arte.
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