Claire Simon a filmé, à Lussas, la naissance d'une plateforme de documentaires d'auteur, Tënk. Elle en tire une série enthousiasmante, chronique d'une aventure économique aux allures d'utopie. Les deux premiers épisodes sont gratuits, en partenariat avec France Inter.
C’est le retour du partenariat entre Tënk et France Inter : je vous propose chaque mois un documentaire à voir gratuitement, sur cette plateforme habituellement réservée aux abonnés. Et il s’agit cette fois d’une série documentaire : « le Village ». Les deux premiers épisodes sont offerts ici à nos auditeurs jusqu'au 25 octobre.
La réalisatrice de cette série, Claire Simon, est une grande cinéaste. Elle a notamment réalisé « les Bureaux de Dieu », sorti en 2008. Un film qui m’a beaucoup marquée, dans lequel des actrices (Nathalie Baye et Nicole Garcia, notamment) incarnaient des conseillères du planning familial. Claire Simon, c’est aussi « Gare du Nord », en 2013 (avec Nicole Garcia, là aussi). Et puis un très beau documentaire tourné au bois de Vincennes, en 2015, qui porte ce titre sublime : « Le bois dont les rêves sont faits ».
Faire pousser des fruits et des films
Pourquoi une série, cette fois ? Peut-être Claire Simon n’avait-elle tout simplement pas envie de couper. Pas envie de réduire à deux heures pour en faire un film. En tout cas, elle a eu bien raison. Parce que cette histoire mérite le temps long. Nous sommes à Lussas, en Ardèche. Village de mille habitants où l’on cultive des fruits et des films. Pas mal de producteurs de raisins et de pommes sont en effet installés dans cette commune. Et c’est ici qu’est né Tënk. Jolie mise en abîme : une série diffusée sur Tënk, qui raconte les coulisses de Tënk. Sa genèse, sa sortie de terre. On découvre comment une poignée de passionnés a décidé de monter une plateforme.
Il ne s'agit pas de concurrencer Netflix, mais de faire exister des films qui ne passent pas à la télévision. Des documentaires d’auteur qui racontent le monde, qui sont une vision du monde. Cela ressemble un peu à une utopie, mais c’est aussi une aventure entrepreneuriale : il faut que ça marche, il faut des abonnés ! Les idéaux sont-ils conciliables avec la viabilité économique ? Voilà la question qui traverse toute la série. La très belle idée de Claire Simon, c’est de filmer aussi bien les gens de Tënk que les agriculteurs. Notamment pendant les Etats Généraux du Film Documentaire, organisés chaque été à Lussas. En pleine cueillette, tout en mettant les pommes dans des cagettes, un agriculteur explique que lui n'a pas le temps de regarder des films. "Mais je m'en fais dans ma tête ! J'imagine que je peux partir en vacances, que j'ai du temps pour moi."
"Tënk", un mot wolof
Les « terriens » et les « imaginaires », réunis dans un même village, voilà qui méritait bien une série ! Le producteur de pommes était ingénieur et il a tout quitté pour revenir dans le village de ses parents cultiver des fruits. Ce retour à la terre est l’une des nombreuses histoires dans l’histoire qui parsèment ce long documentaire découpé en vingt épisodes. Oui, ça vaut le coup de prendre le temps, de regarder passer les saisons dans ce recoin d’Ardèche. Au fait, savez-vous ce que veut dire « Tënk » ? C’est un mot wolof, qui signifie « résume ta pensée ». L’ironie est belle.
« Le village », de Claire Simon. Voir gratuitement les deux premiers épisodes, en partenariat avec France Inter jusqu'au 25/10/19 (cliquez sur le triangle pour lancer le visionnage). Pour les épisodes suivants, il faut s'abonner à Tënk !
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