

Faut-il avoir des enfants ? Et si oui, à quoi sert une mère ? Caroline Gillet, que les auditeurs de France Inter connaissent bien, tente de répondre de ces questions dans un documentaire pour France 3, à voir en replay. Des femmes de tous les âges se confient et dessinent une maternité en mouvement.
Gros coup de cœur pour ce film qui m’a fait rire et pleurer sur un sujet qui pourtant, peut sembler complètement bateau : pourquoi fait-on des enfants ? " Les mères intérieures", diffusé sur France 3 Centre - Val de Loire et disponible en replay, est un documentaire de Caroline Gillet, que les auditeurs de France Inter connaissent bien. Vous l’entendez le dimanche dans Foule Continentale.
Caroline parle à la première personne. Elle existe dans ses reportages, et toujours à bon escient. Le point de départ de ce film, c’est son amie Claire : Claire a eu un enfant récemment et il est devenu plus compliqué de lui parler au téléphone... Puisque cette amie vit à Loches, en Indre-et-Loire, c’est dans cette ville (dont le nom colle si bien au sujet) que Caroline a installé son poste d’observation, pour questionner des mères sur leur rapport à la maternité.
Maternité en mouvement
Au-delà des débats sur la PMA, elle a voulu prendre le pouls d’une maternité en mouvement, en 2019. On rencontre ainsi huit femmes, de tous les âges, hétéro ou lesbiennes, qui parlent de ce que signifie être mère. Il est question de répartition des rôles entre les parents. Il est question de transmission, aussi. Que transmet-on qui échappe à la génétique ? Il se dit de très belles choses sur la douceur : est-ce que ça vient naturellement, cette douceur dont, semble-t-il, les enfants ont besoin ? Et que dire de l'instinct maternel qui semble si évident à tant de monde ?
Les différences entre les générations, sur ces sujets, sont bien sûr frappantes. Simone, par exemple, ne comprend pas tellement la question du pourquoi. Elle était mariée, donc elle a fait des enfants. Simone a 90 ans. Elle consigne dans un agenda les événements de la journée, tous les jours. "Confiture, tricot, des nouvelles de personne." Elle trouve qu’elle manque de visites. Simone a trois enfants, dont un fils qui ne lui parle plus. Sujet très douloureux. Elle parle de l'ingratitude des enfants. Elle dit aussi que les enfants ne doivent rien à leurs parents, eux qui n'ont pas demandé à naître. Sans doute que le fils de Simone a de très bonnes raisons de ne plus parler à sa mère, mais on ne peut pas s’empêcher de penser qu’il verra peut-être ce film et aura envie de lui téléphoner...
Pour qui fait-on des enfants ?
Chacun puisera dans ce documentaire une raison différente de s’émouvoir. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il se dit ici des choses qu’on entend peu. Exemple : quand elle réfléchit à son envie d’enfant, elle qui longtemps n’en a pas voulu, Claire parle, entre autres, de ses beaux-parents. Ça devenait bizarre d’aller déjeuner chez eux avec son conjoint, sans enfant. Et si elle avait fait un bébé aussi pour eux ? Au-delà de la boutade, on touche là à quelque chose d’un peu tabou.
Tous ces témoignages sont désarmants de justesse et de sincérité. Caroline Gillet a du talent pour faire parler les gens, pour leur donner envie de se livrer. Les philosophes appelleraient ça de la maïeutique. L’art de faire accoucher la parole. Avouez que sur un sujet pareil, ça tombe bien.
« Les mères intérieures » (52 minutes), par Caroline Gillet et Yoann de Montgrand.
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