

La nouvelle série animée diffusée le dimanche matin sur TF1 est une production franco-belge, en 3D. Les créatures bleues imaginées par Peyo il y a plus de 60 ans sont toujours aussi solidaires et proches de la nature. Mais attention, ne marchez pas sur les pieds de la Schtroumpfette, elle pratique le kung fu !
Voilà qui vous rappelle peut-être des souvenirs de Récré A2. Les Schtroumpfs reviennent à la télé, quarante ans après la première série animée, qui était une production américaine. Cette fois, les aventures des lutins bleus sont proposées par un studio franco-belge. Des épisodes de 11 minutes et un dessin est en 3D : les lutins bleus ont gagné en rondeur, ça leur va plutôt bien. Ils sont diffusés le dimanche matin sur TF1, dans l’émission TFou (idéal pour les parents qui veulent se recoucher) et disponible en replay quand on se souhaite.
Solidarité et kung fu
Il n’y a pas que le dessin et le générique qui ont été modernisés. Les histoires, aussi, collent plus à l’air du temps. Il y a plusieurs filles désormais, et pas seulement une seule Schtroumpfette. La mixité est toujours une bonne nouvelle, mais d’aucuns y verront peut-être un sacrilège, une trahison de l’œuvre originale. Je les rassure : la Schtroumpfette est bien plus importante que les autres filles ! D’ailleurs, il ne faut pas trop la chercher : elle s'est mise au kung-fu ! Si vous m’autorisez à spoiler un peu, à la fin de l’épisode "Schtroumpf Fu", on découvrira que c’est quand même bien plus schtroumpf de pouvoir compter sur les autres que de schtroumpfer chacun dans son coin. La solidarité, le collectif, c’est un peu la religion de ce village champignons, et ça fait plus de 60 ans que ça dure ! Peyo a inventé ces personnages en 1958, après un diner avec Franquin, le créateur de Gaston Lagaffe, qui voulait saler son assiette et lui a dit « passe-moi le schtroumpf ». Un empire était né.
Une langue formischtroumpf
Ce dessin animé fera beaucoup rire les enfants de 5 et 10 ans environ. Mais les adultes seront sans doute tentés de regarder aussi. Pour le plaisir de la nostalgie et… pour le vertige sémantique. Car vous n’êtes pas sans schtroumpfer que ces créatures bleues mettent des schtroumpfs partout dans leurs phrases. On aurait tort de s’imaginer qu’il suffit de remplacer n’importe quel mot par schtroumpf. Si je dis « je vais te schtroumpfer le schtroumpf, ce sera schtroumpf », c’est complètement raté. Non, il faut que la phrase ait du sens, il faut qu’on comprenne quel mot a été remplacé. C’est une alchimie très subtile ! Il y a là un plaisir transgressif et ludique à employer un mot pour un autre, à commettre ce qui d’habitude est une faute, comme le fait Jean Tardieu dans une pièce justement intitulée « un mot pour un autre ». Je vous invite donc à regarder ce dessin animé comme le ferait un lexicologue, en prêtant attention au langage. D’ailleurs, vous savez peut-être que les Schtroumpfs portent un nom différent dans chaque langue : the Smurfs en anglais, los Pitufos en espagnol, i Puffi en italien. A chaque fois, ce mot ne veut strictement rien dire. Cette langue est belle dans toutes les langues !
Les Schtroumpfs : série d'animation réalisée par William Renaud, sur TF1 tous les dimanches à 8h15, ou en replay.
A venir : un Barbatruc au village des schtroumpfs, dimanche 13 juin à 17h sur France Inter. Avec Véronique Culliford, fille de Peyo, la gardienne du temple schtroumpf, et Derib, dessinateur de BD, le créateur de Yakari, qui est un grand fan des bonshommes bleus, il a même travaillé avec Peyo à ses débuts. Ça va sévèrement schtroumpfer.
L'équipe
- Production
- Autre