A voir sur le site d'Arte, une web-série érudite et cocasse pour découvrir l'âme musicale d'Atlanta. En allant sur les traces du groupe Outkast, un Français plonge dans les entrailles de cette ville fascinante du Sud des États-Unis.
C'est une web-série un peu hybride : moitié fiction, moitié documentaire. Le personnage principal de "Lost in Traplanta" (à voir sur le site d'Arte) est joué par un comédien : l'humoriste belge, Kody Kim. Il interprète ici le rôle de Larry, un Français un peu paumé, un brin naïf, très attachant. Mais le sujet de son enquête est bien réel : Larry est à Atlanta, dans le Sud des États-Unis, pour retrouver Outkast.
Bienvenue à "ATL"
Outkast, c'est le groupe à qui l'on doit "hey ya", tube sorti en 2003. Un mélange de rap et de funk, quelques trombones et beaucoup de talent. André 3000 et Big Boi, les deux membres de ce duo, sont originaires d'Atlanta. Il parait qu'ils y vivent encore, mais ils se sont volatilisés. Outkast n'a sorti aucun disque depuis dix ans ! Larry est sur leur trace pour leur demander de refaire un disque. Il les cherche partout. Il s'adresse à tout le monde et cela donne une savoureuse galerie de portraits. Évidemment que tout le monde connait Outkast ici. "Ce groupe a marqué l'histoire du hip-hop, explique un type rencontré dans la rue. Outkast a mis Atlanta sur la carte du monde !"
Quand on demande à Larry, notre enquêteur français, d'où il vient, il répond « Aubervilliers » et le gars en face réplique en rigolant : « ah, ma tante s’appelait Beverly ». Voilà qui vous donne le ton de cette web-série ! Larry se promène à ATL (nom de code de la ville) avec un sweat à capuche et un imper beige, on dirait Monsieur Hulot ou l'inspecteur Clouseau. Il a aussi un côté Raphaël Mezrahi, aussi, avec son petit carnet et ses méthodes d'investigation très peu efficaces.
"Le Sud a quelque chose à dire"
Et rien ne va se passer comme prévu, évidemment ! La maladresse de Larry devient franchement cocasse quand il rencontre des gros durs de la scène rap. Car ce que Larry ignorait, c'est qu'Atlanta n'est pas seulement la ville d'Outkast, c'est surtout la capitale mondial du trap. Le trap est une branche du rap, un rap sombre et minimaliste, qui repose sur des boites à rythmes, et dont l'origine, historiquement, est très liée au trafic de drogue. Larry rencontre les pointures de la scène trap. On passe par des studios d'enregistrement, par un club de strip tease, par une boutique qui vend des dentiers en or... Chaque épisode nous en apprend un peu plus sur la culture de cette ville, sur les liens entre le trap, le funk et la fanfare. Tout cela est très érudit (le réalisateur, Matthieu Rochet est un fin connaisseur du hip hop) mais grâce au flegme de Larry, ce n'est jamais indigeste : chaque épisode de 7-8 minutes file en un claquement de doigt.
Vous l’avez compris, Outkast n'était qu’un prétexte. On se dit assez vite que l'issue de cette quête importe peu. L'essentiel est ailleurs, il est dans l'âme de cette ville. Atlanta est un carrefour historique de la lutte pour les droits civiques des Noirs, c'est la ville de Martin Luther King. Une ville du Sud des États-Unis qui est fière d'exporter sa musique dans le monde entier. L'essentiel, finalement, se résume en une phrase, que l'un des membres d'Outkast a lancé dans les années 90 en recevant un prix : "Le Sud a quelque chose à dire".
L'équipe
- Production
- Autre