

Les 5 minutes indispensables de Pierre Desproges, diffusées chaque soir juste avant les informations de 19 heures. Échos, portraits, rumeurs à propos d’événements qui ont marqué l'année 1986.
Depuis pas loin d'un siècle qu'une baderne autrichienne obsédée s'est mise en tête qu'Oedipe voulait sauter sa mère, la psychanalyse a connu sous nos climats le même engouement que les bains de mer ou le Pari Mutuel Urbain. On a beau savoir pertinemment que la méthode d'investigation psycho merdique élucubrée par le pauvre Sigmund n'est pas plus une science exacte que la méthode du professeur Comédon pour perdre 30 kilos par semaine tout en mangeant du cassoulet, ça ne fait rien :
La psychanalyse, c'est comme la gauche ou la jupe à mi-cuisse : c'est ce qui se fait maintenant chez les gens de goût.
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Ce scepticisme à l'égard de la psychanalyse, mais aussi de la psychologie et de la psychiatrie, qui s'y réfèrent de plus en plus, me vient, selon mes docteurs, des données de base primaire d'un caractère brutal et non émotif, qui me pousse à manger le pilon du poulet avec les doigts ou à chanter l'ouverture de Tannhäuser dans les moments orgasmiques.
Scepticisme fâcheux dans la mesure où, ces temps-ci, j'aurais plutôt besoin d'un psy. Je suis névrosé et psychotique. Deux désordres extrêmement perturbants quand ils cohabitent, pour reprendre une fois de plus les cris du crapaud.
Un psychotique, c'est quelqu'un qui croit dur comme fer que deux et deux font cinq et qui en est pleinement satisfait, alors qu'un névrosé, c'est quelqu'un qui sait pertinemment que deux et deux font quatre et ça le rend malade.
Eh bien, moi qui suis à la fois psychotique et névrosé, je suis tour à tour content que deux et deux fassent quatre ou déçu, et terriblement déçu que deux et deux fassent cinq. Un jour je me réjouis que les quadrilatères ait quatre côtés. Le lendemain, je me désole à l'idée que les triangles n'en ont que deux. Alors pour tenir, je suis obligé de me shooter au Penthotal. Et comme il y a pénurie de Penthotal, je me défonce au pain complet malgré le risque de brioche.
En dernier recours, je me suis ordonné une séance quotidienne de thérapie de groupe. Tous les soirs. Du lundi au vendredi. Sur France Inter. Il faut bien que vous serviez à quelque chose, chers auditeurs !
Bien, alors ce soir, nous allons nous défouler l'ego en jouant à "Mon moi et mon surmoi sont dans un bateau".
Voici une histoire vécue où le prestige des psys en prend plein le subconscient. Ma copine Betty Sartou, mère de famille à ses moments pas perdus pour tout le monde, a connu le malheur d'accoucher d'une espèce de surdoué qui s'appelle Grégoire, comme les moins cons des papes, mais c'est une coïncidence. A cinq ans et demi, ce monstre donnait des signes alarmants d'anormalité. Notamment, il préférait Haendel à Chantal Goya. Il émettait des réserves sur la politique extérieure du Guatemala et surtout, il savait lire malgré les techniques de pointe en vigueur à l'Éducation Nationale. Devant ce désastre, la maman et la maîtresse d'école estimèrent d'un commun accord que Grégoire était un mauvais exemple pour ses collègues de la maternelle et qu'il serait bienséant de le jeter prématurément dans le Cours Préparatoire.
Oui, mais à condition, dit l'Éducation nationale, que Grégoire subisse de la part d'un psychologue, par nous choisi, les tests en vigueur en pareille occasion. Au jour dit, mon amie Betty et son super minus se présentent au cabinet du psy, en l'occurrence une jeunesse binoclée de type "Touche pas à mon Diplo".
On prie la maman de rester dans la salle d'attente. Vingt-cinq minutes plus tard, la psychologue, dont le front bouillonnant se barre d'un pli soucieux, libère le gamin et accueille la mère. "Madame votre fils Grégoire peut sauter une classe. Il en a la maturité. Il a parfaitement réussi les tests de latéralisation."
Je vous explique en gros, cela signifie que si on lui présente une cuillère, il aura tendance à l'attraper plutôt avec sa main droite qu'avec son pied gauche.
"Malheureusement, reprend la psy. Malheureusement, madame, je ne vous cacherai pas qu'il semble souffrir de troubles affectifs, probablement due à un mauvais climat familial. Voyez le dessin qu'il vient de réaliser. Je lui avais demandé de dessiner papa et maman, c'est assez clair, non?".
L'enfant avait dessiné un père gigantesque dont la silhouette occupait toute la hauteur de la page. Alors que la mère lui arrivait à peine au plexus dans un tout petit coin de la page.
"Pour moi, c'est clair, soupira la psychologue. Cet enfant marque une tendance à la sublimation de l'image du père, tendance subconsciemment contrecarrée par une minimisation tout à fait anormale de l'image et donc du rôle de la mère dans le contexte familial. Je ne vois malheureusement pas d'autre explication.".
"Moi, j'en vois une, dit Betty. Mon mari mesure 1,93 mètre et moi 1,47 mètre."
Quant à ces féroces soldats, je le dis, c'est pas pour cafter, mais ils font rien qu'à mugir dans nos campagnes
Programmation musicale
- 23h53
Calentita (Feat. Nuria) - 23h55
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