
C’est la question au centre de l’ouvrage de Beate Collet et Emmanuelle Santelli, Couples d’ici, parents d’ailleurs , paru aux PUF. La réponse n’est pas uniforme pour tous ceux dont les parents sont nés au Maghreb, en Turquie ou en Afrique sahélienne, même si l’Islam est une donnée commune.
Dans la formation des couples, les deux chercheuses distinguent trois profils.
Le premier dit « déterminé » est lié au respect des traditions culturelles et religieuses de l’islam.
Le sentiment amoureux n’est pas le déterminant principal et ce sont les parents qui jouent un rôle prédominant dans le choix du conjoint.
A l’autre bout de l’échelle, certains jeunes ont à cœur de s’émanciper totalement de l’héritage familial, parfois jusqu’à la rupture.
Mais le groupe majoritaire est dit « négocié ». « Négocié » car si les enfants acceptent l’idée de se marier avec un conjoint du même univers culturel et social, les parents, eux, acceptent de renoncer à leur imposer leur choix au sein de la lignée familiale. Et finalement, notent les deux chercheuses, si ce n’était leur statut d’enfants d’immigrés, rien ne les distinguerait vraiment du comportement des Français « de souche ».
Mais -et c’est l’un des points forts de l’ouvrage- les deux auteures font apparaître que les descendants de parents maghrébins, turcs ou africains, ont beaucoup moins tendance à former des couples mixtes que tous les autres groupes de descendants d’immigrés.
Selon Beate Collet et Emmanuelle Santelli, cela traduit tout à la fois le désir de maintenir une identité culturelle forte, mais aussi une forme de repli sur soi et une réponse aux discriminations subies dans un contexte d’exclusion sociale.
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Une chronique de Christian Bauby