
La variété musicale est telle dans le monde qu'on peut se demander comment elle a évolué au fil des millénaires.
Est-elle le fruit d'un acte créatif des compositeurs ou bien l'auditeur, voire le consommateur a t-il un rôle ? Et bien au « top ten » des sources d'inspiration, on trouve... Darwin ! Ou plutôt sa théorie de l'évolution si l'on en croit une étude menée par des chercheurs de l'Imperial College de Londres.
Leur idée a été de voir si le choix esthétique d'auditeurs pouvait conduire à un processus sélectif au cours des âges. Pour ce faire, ils ont créé un algorithme qui génère des séquences musicales en boucles aléatoires.
Du carillon à de simples bips, ces boucles de 8 secondes sont notées sur une échelle allant « d'insupportable » à « j’adore » par un panel de 7000 auditeurs. A l'arrivée, les 10 groupes de sons les plus agréables sont mixés afin d'obtenir 20 nouveaux morceaux. Au bout de 2500 générations les morceaux les plus populaires sont formés d'un grand nombre d'accords et de rythme présents dans les chansons modernes.
Pour les chercheurs, l'intérêt du programme Darwin Tunes est de montrer comment les changements culturels peuvent survenir dans la société. Ils permettent d'expliquer la perpétuelle évolution des formes musicales modernes, alors que dans les sociétés prémodernes où le nombre d'auditeurs étaient moindres, les formes traditionnelles ont perduré pendant des millénaires.
Une chronique de Sophie Bécherel