

Peut-on imaginer une justice transparente dans le respect des droits fondamentaux ?
C'était le thème d'un débat organisé le mardi 4 septembre au musée du barreau de Paris qui avait invité ce soir-là Mes Mathias Chichportich, Me Richard Malka et l'avocat général Philippe Courroye. Mais très vite, le débat s'est transformé en procès des médias, accusés de dénoncer sans preuves, de bafouer le respect de la présomption d'innocence, de s'asseoir sur leurs obligations de rigueur, accusés d'abuser de leur pouvoir au point de faire la justice à la place de la justice.
Pour Richard Malka, spécialiste du droit de la presse, grand défenseur de nobles causes, dans l'affaire du Carlton, son client Dominique Strauss Kahn s'est fait traîner dans la boue du proxénétisme avant d'en être blanchi par le tribunal de Lille. Pour l'avocat, la presse perd ses repères, travaille trop vite et entraine la justice dans une course folle à l'issue fatale pour les deux institutions. Même constat pour le magistrat Philippe Courroye, l'ancien procureur de Nanterre s'était fait muter en 2014 après un avis du conseil supérieur de la magistrature qui lui reprochait d'avoir commis des fautes non intentionnelles dans l'affaire Bettencourt, en l'occurrence, d'avoir récupéré les FADET (les factures téléphoniques détaillées) des journalistes du Monde pour connaitre l'origine de leurs sources, ce qui est interdit en pareil cas.
La transparence, c'est fait pour le cristal
Quatre ans plus tard, Philippe Courroye en veut toujours beaucoup à la presse : "Les journalistes du Monde sont allés voir François Hollande et ils ont eu ma tête" affirme-t-il. La transparence ? C'est un mot qui l'exaspère. "La transparence, c'est fait pour le cristal, pas pour la justice" scande Philippe Courroye, qui réclame une restauration des secrets judiciaires. "Le fondement d'un secret, ce n'est pas l'opacité d'une justice arbitraire. Il faut maintenir le secret de l'enquête et les secrets professionnels qui sont des garanties de l'efficacité de l'enquête et du respect de la présomption d'innocence". Quant au secret des sources des journalistes, "il est important" poursuit le magistrat, mais il ne s'impose pas sur le secret de l'enquête. "La difficulté est de faire coïncider les deux secrets et je suis bien placé pour savoir combien cela est compliqué" conclut, amer, Philippe Courroye.
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