Le "pousseur du métro" condamné à 15 ans de réclusion

France Inter
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Par Jean-Philippe Deniau

Metro - RATP
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© Max PPP - Max PPP

Le « pousseur du métro », Frédéric, un jeune de 21 ans, a été condamné hier soir à 15 ans de réclusion criminelle aux Assises de Paris. Le 27 décembre 2010, dans un escalier de la station Etienne-Marcel, il avait dérobé un i-Pod à une jeune femme et l'avait poussée pour couvrir sa fuite. Elle n'avait pas survécu aux blessures liées à sa chute. Une tragédie vertigineuse.

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Les box des cours d'assises sont habituellement remplis de criminels aguerris ou, tout du moins, d'hommes et de femmes dont le parcours de vie semble les avoir menés presque naturellement à cette place. Violeurs, braqueurs, meurtriers, assassins : ils arrivent rarement face à un jury populaire sans avoir un casier judiciaire déjà bien garni.

Le vertige de cette affaire de "pousseur du métro", c'est d'imaginer que le lundi 27 décembre 2010 à 15h53, Frédéric est un jeune homme sans histoire. A 15h54, il est devenu un criminel bientôt recherché par toutes les polices de France.

Frédéric a non seulement commis un crime, mais surtout, il l'a commis au mauvais moment.

Car Vi-Anh n'est pas la première victime de ces pousseurs du métro. Et la presse va donner un large écho de ce drame, jusqu'à en faire une sorte de phénomène de société. Le monde politique va s'en emparer et la résolution de cette enquête va devenir une priorité nationale. Il faut absolument identifier cette silhouette sombre que les caméras de surveillance de la RATP ont enregistrée.

Des clichés du suspect sont publiés dans les journaux et ça marche : les enquêteurs retrouveront Frédéric grâce à un renseignement anonyme.

Ce jeune homme était jusque là sans histoire. Frédéric a été élevé par sa grand-mère en Guyane. A l'adolescence, il ne pense qu'aux filles et au foot. Sa grand-mère l'envoie en métropole pour qu'il s'en sorte. Mais il deviendra "un jeune homme désoeuvré" comme l'a décrit l'avocate générale au procès. Ce 27 décembre, il a certainement besoin d'un peu d'argent, il repère une première jeune femme en train de manipuler son téléphone dans la rame du métro. Juste avant que les portières ne se referment à la station Etienne Marcel, il se jette sur l'appareil et tente de l'arracher. Raté. La jeune femme a résisté.

Alors, il remonte le quai en courant, grimpe les escaliers. C'est là qu'il croise Vi-Anh avec son baladeur. Frédéric a expliqué à la Cour qu'il l'avait juste bousculée dans sa fuite, mais les jurés n'ont pas cru à cette version accidentelle, ils ont retenu l'autre hypothèse : Frédéric tente d'arracher l'i-Pod, Vi-Anh résiste, elle crie "Non, non", elle s'agrippe à lui, Frédéric se retourne et la repousse violemment dans les marches. Il s'enfuit. Elle meurt.

Comment s'est comporté Frédéric à l'audience cette semaine ? Le jeune homme a exprimé des regrets "pour toutes les souffrances qu'il a entraînées" a-t-il dit. Il a aussi expliqué qu'il acceptait sa détention comme le prix à payer pour avoir commis l'irréparable. Les experts qui l'ont examiné ont indiqué qu'il ne présentait pas de danger pour la société dès l'instant où son incarcération allait s'accompagner d'une préparation à la réinsertion.

Enfin, l'avocate générale a demandé aux jurés une peine d'au moins 15 ans de réclusion, "pour que la société y trouve son compte". Les jurés l'ont suivie.