Murielle et Stéphane sont éleveurs de brebis. Ils pratiquent une agriculture biologique, commercialisent leurs agneaux en vente directe, et souhaiteraient pouvoir leur offrir une mort digne en les abattant à la ferme, là où ils sont nés et ont vécu.
Murielle et Stéphane étaient tous les deux bergers dans les Alpes de Haute-Provence. Quand un beau jour leur voisin a décidé de vendre son troupeau, ils ont saisi l'occasion et se sont lancés dans l'élevage de brebis. Cent-quatre-vingt Mérinos, cinq béliers, quelques chèvres et chaque année des agneaux qu'ils commercialisent en vente directe.
Quand on est éleveur, les brebis elles nous apprennent à apprivoiser la mort parce qu'on y est confronté de diverses manières: pas seulement celle des agneaux que l'on mange, mais aussi à la mort naturelle. Ce sont les brebis qui m'ont appris que la mort c'est quelque chose qui fait partie de la vie, qu'elle peut survenir à n'importe quel moment. Les animaux d'élevage, ils nous permettent de renouer notre contact à la nature. Et lorsque que l'on a compris cela, on peut aussi accepter d'être éleveur et que la mort fasse parti de notre travail.
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Mais de La Colle-Saint-Michel, un petit village niché à 1500 m d'altitude situé entre les vallées du Verdon et de la Vaïre où habite le couple, jusqu'à l'abattoir de Digne, à plus d'une heure de route, le transport est long et déstabilisant pour les agneaux qui n'ont jamais quittés leurs prairies. Et c'est à chaque fois un crève-cœur pour Murielle et Stéphane de ne pas pouvoir les accompagner jusqu'au bout, alors qu'ils les ont fait naître et les ont élevés.
Quand nous on tue un agneau ici, on l'attrape, hop, on le tue. Ce n'est pas pareil que de le mettre dans une remorque et de l'emmener à l'abattoir. On gâche la fin du cycle par ce transport stressant, par ce passage dans un milieu fermé, lugubre. Pour leur dernier jour, ce n'est pas terrible. Nous assistons à la naissance, autant que l'on aille jusqu'à la mise à mort aussi, chez nous. Comme ça les bêtes seront moins stressées et nous, cela nous rassurerait d'être présents.
Alors, avec d'autres éleveurs qui partagent leur vision, Murielle et Stéphane se mobilisent afin que la loi autorise ceux qui le souhaitent à abattre leurs animaux à la ferme et leur permette ainsi de leur offrir une fin de vie digne.
Je lui mets la main sur la tête histoire de l'accompagner, je ne sais pas si c'est pour lui dire merci de nous servir après pour nous nourrir, c'est difficile à exprimer. Disons que ce n'est pas juste de le saigner et de la laisser finir tout seul, là je suis avec lui jusqu'au bout.
Pour aller plus loin:
- Le site du collectif " Quand l'abattoir vient à la ferme"
- Livre blanc pour une mort digne des animaux, de Jocelyne Porcher, Elisabeth Lécrivain, Nathalie Savalois, Sébastien Mouret (Les Editions du Palais, 2014)
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