Ernest Pignon-Ernest : “Guernica, c’est une révolution”

Ernest Pignon-Ernest
Ernest Pignon-Ernest ©Radio France - Myrabella
Ernest Pignon-Ernest ©Radio France - Myrabella
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Aujourd’hui, l’œuvre d’Ernest Pignon-Ernest s’expose dans les galeries ou se découvre dans un livre signé André Velter. Mais pour Ernest Pignon-Ernest, précurseur du street-art, "intervenir dans des lieux” reste le cœur de son travail.

Pour monter dans l’atelier d’Ernest Pignon-Ernest, il faut gravir un grand escalier sans garde-corps. L’artiste raconte Aznavour bloqué par le vertige en redescendant.

Ernest Pignon-Ernest, le lieu à l’œuvre

A l’origine, il y a le choc Guernica. Ernest Pignon-Ernest découvre Picasso et décide de devenir artiste. Comme il lui semble également impossible de peindre après Picasso, il fait le choix “d’intervenir dans des lieux”. Dans le travail d’Ernest Pignon-Ernest, le lieu est aussi important que le dessin. 

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D'abord il choisit une ville : Paris, Naples, Alger, Nice…  Puis il cherche ce qu’il appelle “un lieu”. Il observe alors ce lieu, étudie son histoire, traque le visible et l’invisible. Le travail sur le dessin ne vient qu’après cette phase d’observation. Quand enfin il colle le dessin, de nuit, il fait en sorte qu’il ”s'inscrive sensuellement” dans le lieu. Ernest Pignon-Ernest insiste : “L’œuvre ce n’est pas mon dessin mais ce que provoque mon dessin.” D’ailleurs il ne signe pas ses œuvres. Ce qu’il expose, c’est “le lieu”.  

Rebecca Manzoni dans l’atelier d’Ernest Pignon-Ernest

Ernest Pignon-Ernest trouve des lettres d’amour dans sa boîte aux lettres. Des admirateurs/trices qui ont croisé ses dessins dans la rue et qui ont besoin de lui écrire après. Parce que régulièrement, cet homme sort la nuit avec un escabeau, un pot de colle et ses dessins pour les afficher dans des endroits qu’il a minutieusement choisis. Ernest Pignon-Ernest a changé comme ça le regard des Napolitains, des Algérois ou des Niçois qui ont découvert ses silhouettes au petit matin, dans les rues où ils ont leurs habitudes. 

Ernest Pignon-Ernest colle des poètes grandeur nature parfois. Il les dessine, il les aime. Robert Desnos, Antonin Artaud ou Jean Genet. Qu’on les ait lus ou pas, qu’on les reconnaisse ou non, ce n’est pas grave, chaque passant regarde à sa façon. C’est pour toutes ces raisons qu’on dit d’Ernest Pignon-Ernest qu’il est précurseur du street-art. 

Son tube, c’est Rimbaud. Arthur en pied, ses cheveux ébouriffés, son baluchon, et il lui fait porter un jean comme Kerouac ou James Dean. 

Tout a commencé en 1966 et un beau livre qui porte son nom retrace son parcours d’artiste. Les textes sont signés André Velter et cette monographie est éditée chez Gallimard. 

Ernest Pignon-Ernest est né à Nice. L’un de ses ateliers est situé en banlieue, au Sud Est de Paris. Et dans l’atelier y’a de la hauteur. 

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