Retour sur le marathon des JO de Rome en 1960 : épreuve extraordinaire

Abebe Bikila remporte le marathon des Jeux Olympiques de Rome
Abebe Bikila remporte le marathon des Jeux Olympiques de Rome ©Getty
Abebe Bikila remporte le marathon des Jeux Olympiques de Rome ©Getty
Abebe Bikila remporte le marathon des Jeux Olympiques de Rome ©Getty
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Alors que des Jeux olympiques de Tokyo 2020 devait s'achever ce week end au Japon par le marathon, en consolation, voici l'histoire compensatoire.

Le 25 août 1960, dans la chaleur étouffante de Rome, s'ouvre les 17ème olympiade de l'ère moderne. Mais le président italien est en retard. Il est bloqué dans les inénarrables embouteillages romains et pour un peu Giovanni Gronchi aurait manqué l'entrée historique dans le Stade olympique de la délégation américaine. 

Car pour la toute première fois, son porte drapeau est noir de peau. Cet athlète originaire du Texas s'appelait Rafer Johnson. Décathlonien, futur médaille d'or, sa présence ce jour là en tête de sa délégation, préfigure l'humeur "décoloniale" de la quinzaine qui s'annonce.

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Rafer Johnson premier porte drapeau de couleur des Etats-Unis
Rafer Johnson premier porte drapeau de couleur des Etats-Unis
© Getty

Sur le programme officiel de ces Jeux olympiques de Rome édition 1960, on comptabilise 83 nations inscrites aux épreuves sportives et plus de 5000 athlètes, un record qui s'explique par le contexte mondial de la décolonisation.

Ces dernières années, à la fin des années 50, bon nombre de pays d'Afrique noire se sont battus et ont obtenu leur indépendance. Ainsi donc, après l'adhésion de l'U.R.S.S. au mouvement olympique en 1952, le temps est venu à Rome pour les jeunes contrées d'Afrique d'exister sur la scène sportive internationale. Quatre ans plus tôt, aux Jeux olympiques de Melbourne, en Australie, l'Ethiopie, elle, est déjà là avec plusieurs athlètes, car il faut rappeler que l'Ethiopie est l'unique pays d'Afrique noire à ne pas avoir été colonisée par les Européens. 

Quant aux autres nations africaines engagées dans cette édition de 1960, à vrai dire, les commentateurs occidentaux ne s'y intéressent guère, si ce n'est pour souligner l'aspect exotique de ces nouveaux arrivants dans les différentes épreuves. Autre particularité de ces Jeux olympiques de Rome : ils sont les tout premiers à être diffusés en mondovision. À commencer par la cérémonie d'ouverture.

Un berger remporte le marathon

La Grande Loge maintenant, place au sport et le sport allait être au rendez vous de l'Histoire. Parmi les athlètes présents à cette cérémonie d'ouverture, un fils de berger, berger lui-même, est lieutenant dans l'armée du Négus : marathonien et militaire éthiopien Abebe Bikila ne doit sa présence à ces Jeux olympiques de Rome qu'à la blessure malencontreuse d'un compatriote.

Bikila est né le 7 août 1932. Le jour où fut couru le marathon des Jeux olympiques de Los Angeles, il mesure 1 mètre 75 et ne pèse que 55 kilos. Une silhouette longiligne de 28 ans. 

10 septembre 1960 à 17h30. La nuit approche et un jeune athlète éthiopien patiente sur la ligne de départ du marathon olympique. 

A la surprise générale, contre tous les favoris sortant de la nuit, Abebe Bikila, pieds nus remporte le marathon romain. Il a déclenché son attaque à deux kilomètres de l'arrivée, au niveau de l'obélisque d'Axoum, volé à l'Ethiopie par Mussolini en 1937. Le symbole est fort, évidemment, mais moins encore que celui de la ligne d'arrivée. Ce fut sous l'Arc de triomphe de Constantin. Là où, précisément, les troupes fascistes mussoliniennes avaient pris le départ pour envahir l'Ethiopie.

Coureur inconnu, Abebe Bikila a frappé un grand coup, devenant ainsi le premier athlète de l'Afrique noire à être sacré champion olympique.

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