Aux Etats-Unis, le télétravail a fait remonter la natalité

C’est le problème dont on ne parle pas assez.

Jamais, depuis la fin de la guerre, les Français n’ont fait aussi peu d’enfants

En 2022, selon l’Insee, il y a eu une baisse supplémentaire, 19 000 naissances de moins que l’année précédente. Le taux de fécondité n’est aujourd’hui que de 1,8 enfant par femme, et cela peut avoir de lourdes conséquences pour l’économie, par exemple sur l’équilibre des caisses de retraites.

Mais voilà, le bureau du recensement des États-Unis, pays qui affichait ces dernières années le même problème, annonce un regain totalement inattendu de la natalité. Au total, ce sont 46,000 bébés de plus qui caracolent, ou peut-être qui rampent encore, par rapport à 2020. La question-clé est : pourquoi ?

Et bien deux chercheurs du think tank "Economic Innovation Group” se sont penchés sur cette question. Se basant sur des entretiens avec 6,000 nouvelles mamans, ils en concluent que la raison principale de leur décision de faire un enfant, pour beaucoup d’entre elles un revirement, est le télétravail.

• Le télétravail, d’abord parce que la maison est un lieu plus commode que le boulot ou le métro pour s’accoupler, surtout quand le papa est également présent.

• Mais aussi et surtout parce que ce format de travail rassure les parents quant à leur capacité de gérer leur famille et jongler avec les différents impératifs : on est moins inquiet d’avoir à récupérer les gosses à la sortie de l’école, de suivre leurs progrès ou simplement d’être auprès d’eux.

C’est particulièrement vrai pour les parents d’un enfant qui hésitaient à en avoir un second, puis un troisième, et c’est encore plus vrai pour les parents qui avaient plus de 45 minutes de trajets quotidiens pour arriver au bureau.

Ce bond des natalités aux Etats-Unis est loin d’être égalitaire, puisqu**’il concerne surtout les cadres et les salaires supérieurs**, mais les effets du télétravail ne font sans doute que commencer, et on peut donc espérer qu’ils toucheront toutes les couches sociales.

Ce rebond peut-il influencer chez nous l'équilibre des caisses de retraite ?

Difficile d’y croire Nicolas. D’après le très sérieux magazine The Atlantic, qui a comparé le rebond de natalité américain à la courbe des autres pays occidentaux, plus de 75% des salariés en France, en Allemagne et au Japon ont déjà repris le travail en présentiel, 2 fois plus qu’aux Etats-Unis.

Et ce n’est pas l’appel incessant du gouvernement aux Français et surtout aux Françaises à travailler davantage qui va les pousser à faire un deuxième ou un troisième enfant. Le message est pourtant simple, “Faites l’amour, pas les heures sup au bureau”, mais on voit mal Bruno Le Maire s’engager dans cette communication.