Non, la France ne se droitise pas

¾ des Français disent toujours non à une baisse d'impôts qui serait permise par une baisse des aides aux personnes handicapées.
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¾ des Français disent toujours non à une baisse d'impôts qui serait permise par une baisse des aides aux personnes handicapées. ©Getty - RUNSTUDIO
¾ des Français disent toujours non à une baisse d'impôts qui serait permise par une baisse des aides aux personnes handicapées. ©Getty - RUNSTUDIO
¾ des Français disent toujours non à une baisse d'impôts qui serait permise par une baisse des aides aux personnes handicapées. ©Getty - RUNSTUDIO
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Hop là emballé c’est pesé, la France se droitise. T’as vu le résultat de la primaire des républicains ? et les sondages ? d’ailleurs peut-être même que la gauche est morte... Vous avez forcément entendu ça ces derniers temps. Alors reprenons : c’est quoi la différence entre la droite et la gauche ?

Pas une question d’étiquette de parti mais de vision du monde, de valeurs prioritaires qui induisent des choix politiques et surtout de rapport au collectif. La droite part de l’individu et pense que s’il progresse, la société ira mieux. Elle place donc en priorité les valeurs de liberté individuelle, de motivation par le travail et l’effort.

La gauche pense à l'inverse qu’il faut une société plus harmonieuse pour que les individus puissent trouver leur propre bien-être. Que la justice sociale est un préalable et que la politique doit permettre de réduire les inégalités.

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Et donc quel est le sentiment des Français par rapport à cela ? 

En ce moment on le réduit aux sondages de la présidentielle. Ils souffrent déjà discussion mais surtout ils résument le sujet à un débat de personnalités.

Alors revenons au fond : est ce que les Français sont de plus en plus hostiles au partage ou sensibles aux inégalités ? Plusieurs outils permettent d’y répondre et notamment des études à long terme, avec exactement les mêmes questions, depuis 20 ans. 

Que disent ces études ?

Celle de la DREES par exemple pose cette question, simple, depuis 2000 : “Est-ce que la solidarité devrait être le fait de l’Etat ou des individus et des familles ?” un vrai clivage gauche droite basique : 65 % des Français pensent que c’est l’Etat et ça a augmenté de 15 points en 20 ans. 

Et tout est cohérent, à la question “La France consacre un tiers du revenu national à la protection sociale ?” plus de 8 Français sur 10 disent que c’est normal ou pas assez. 

Allons un pas plus loin. La baisse des impôts est un sujet logiquement au cœur des propositions de droite : diminuer les dépenses publiques et diminuer les impôts. 

A la question « Voudriez-vous une baisse des prestations sociales en échange d’une baisse des impôts ? », la réponse est toujours aussi nette : à 83 % c’est non. 

On pourrait se dire qu’il s’agit d’un intérêt personnel. Mais les ¾ des Français disent toujours non à une baisse d'impôts qui serait permise par une baisse des aides aux personnes handicapées. 

C’est donc très très osé d’affirmer que la société française se droitise. 

Sur le fond, les Français sont bien plus attachés à une vision solidaire de la société, de gauche donc, ce que la polarisation des débats semble le dire. Et si l’on regarde la question si sensible - et si abjectement instrumentalisée par certains - des immigrés, les choses bougent aussi**. À la question brutale “**Y a-t-il trop d'immigrés en France ?” posée de manière constante par Kantar la réponse est passée de 63 à 46 % de oui en 15 ans, c’est une baisse de plus d’un quart. 

On peut donc s’interroger sur ce qui apparaît comme une contradiction profonde. Peut-être qu’en fait c’est tout simplement une bonne vieille tactique d’intimidation stratégique de ceux qui ne veulent pas de cette solidarité  : imposer les questions et les réponses, décourager le débat et l’adversaire pour gagner sans même devoir se battre.  

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