

La préfecture de l’Indre vient de donner son feu vert à l’extension d’un immense élevage de porcs, qui va passer de 4 000 à 9 000 cochons. Et selon Hugo Clément, c’est l’occasion d’ouvrir les yeux sur la réalité de l’élevage français…
- Hugo Clément Journaliste
Oui, car nos dirigeants ont tendance à nous faire croire que l’élevage français est différent des autres…
Pour être écolo et respectueux des animaux, il suffirait de manger de la viande bleue blanc rouge.
Selon Emmanuel Macron, il faut, je cite « défendre la viande française partout ». Et pour le ministre de l’agriculture Marc Fesneau, ouvrez les guillemets : « Quand on consomme des produits français (…) derrière, c’est un éleveur qui entretient le paysage et qui apporte des choses pour la biodiversité ».
Forcément, quand le ministre dit ça, on pense aux vaches qui pâturent dans les prés verdoyants de nos campagnes…
Sauf que cette image d’Épinal ne correspond pas à la réalité.
Dans notre pays, on abat chaque année 4 millions de bovins, contre 23 millions de cochons et près d’un MILLIARD de volailles.
En quantité, selon l’organisme public France Agri Mer, le bœuf pèse à peine 17% de la viande acheté, contre 29% pour la volaille et 46% pour le porc. Les cochons représentent donc près de la moitié de la viande qu’on mange.
Et pourtant : c’est quand la dernière fois que vous avez vu un cochon en plein air ? Pas de souvenir ? C’est normal.
Selon la filière porcine elle-même, 95% des cochons sont élevés en bâtiments fermés, densément peuplés, sans aucun accès à l’extérieur.
Quant aux poulets, plus de 80% viennent d’exploitations industrielles, d’où ils ne sortent jamais et où ils vivent chacun sur un espace plus petit qu’une feuille A4. Les lapins ? 99% sont en cages.
Bref, l’élevage intensif est aujourd’hui la norme en France et il a un gros impact sur la biodiversité.
Pourquoi ?
Notamment parce que pour nourrir ces millions d’animaux enfermés, il faut produire énormément d’aliments et donc cultiver d’immenses surfaces agricoles. En France, les animaux sont par exemple les premiers consommateurs de céréales.
Les grandes cultures de maïs et de blé, aspergées d’eau et de pesticides, sont en bonne partie destinées à l’élevage. Or, sur ces parcelles, la vie sauvage a presque disparu.
J’ai accompagné récemment Vincent Bretagnolle, un chercheur au CNRS, dans une zone de cultures intensives située dans les Deux-Sèvres.
Il devait compter les espèces d’oiseaux, en écoutant leurs chants. Et bien nous avons été frappés par le silence. Vincent m’a carrément parlé de « désert biologique »…
L’élevage détruit donc la vie sauvage chez nous, mais aussi à l’étranger, puisque nous continuons à importer notamment du soja d’Amazonie pour nourrir nos poulets, nos porcs ou nos vaches. Du soja planté à la place de la forêt primaire qui, elle, est rasée.
Pour résumer Nicolas : ce n’est pas parce que la viande est française qu’elle est vertueuse.