

L’accord scellé le 4 mai entre Jean-Luc Mélenchon, le PS, Europe Écologie Les Verts et le parti communiste a été critiqué de toute part, y compris à gauche …
- Jean-Luc Mélenchon Homme politique français
Oui, Nicolas, et certaines critiques peuvent paraître excessives ou manquer leur cible.
Ainsi Jean-Christophe Cambadélis, l’ancien Premier secrétaire du PS qui affirme que la gauche a perdu son âme parce que « le programme de Mélenchon c'est trois sorties : de l'Europe, de l'Otan et de l'OMC » qui transformerait, selon lui, la France en « Corée du Nord ».
En vérité, Mélenchon n’entend pas sortir de l’Europe mais simplement renégocier ou prendre ses distances avec certains traités.
Exactement ce qu’Emmanuel Macron lui-même a fait depuis la crise sanitaire en abandonnant les critères budgétaires de Masstricht…
Concernant la sortie de l’Otan, rappelons que la réintégration de la France dans le commandement intégré de l’Otan ne date que de l’élection de Nicolas Sarkozy en 2007.
Est-ce à dire qu’avant cette date, la France était une "dictature nord-coréenne" ?
Enfin, on est surpris d’apprendre que l’adhésion à l’Organisation mondial du commerce fait désormais partie de l’âme de la gauche…
Les propos de Cambadélis en disent finalement moins sur Mélenchon que sur l’ADN d’une certaine gauche : européiste, atlantiste et libre-échangiste avant d’être socialiste…
Mais vous y voyez, vous, d’autres raisons de critiquer Jean-Luc Mélenchon
Oui, si on peut évidemment être en désaccord avec ses orientations en matière économique ou de politique étrangère, on pouvait imaginer qu’à gauche les critiques porteraient davantage sur sa dérive anti-laïque et anti-universaliste.
En 2010, Mélenchon qualifiait encore dans Marianne le voile de « régression », précisant que « même dans les pays d’origine, cette pratique est combattue par les milieux progressistes ».
En 2019, il signait pourtant une pétition dénonçant « les lois liberticides » interdisant le voile à l’école et la burka, et s’affichait au côté d’islamistes dans une marche contre l’islamophobie où l’on criait «Allahou Akbar!» à côté du Bataclan
Il faisait également sien le discours sur la violence et le racisme systémique de la police
Sur le plan électoral, ce tournant communautariste s’est avéré payant puisqu’il a mobilisé en sa faveur la majorité de l’électorat des banlieues et 70% du vote musulman…
Sur le plan des principes, il n’a fait qu’alimenter le ressentiment victimaire d’une population qui pour une partie d’entre elle est parfois tenté par le séparatisme identitaire et religieux
Son soutien jusqu’au-boutiste au militant Taha Bouafs avant son affaire de mœurs s’inscrit dans cette stratégie clientéliste cynique.
Mais on aurait probablement tort d’incriminer le seul Mélenchon
Pourquoi ?
Parce que c’est, en réalité, toute une partie de la gauche qui s’inscrit dans cette stratégie.
Pour s’en convaincre, il suffit d’entendre le maire écologiste de Grenoble, Eric Piolle, présenter sérieusement le port du Burkini à la piscine comme « un progrès social ».
Il faut aussi se souvenir que la stratégie du thin-thank, Terra Nova, qui avait inspiré François Hollande, et qui préconisait notamment d’abandonner les classes populaires au profit des immigrés, n’était pas très différente de celle de Mélenchon
Cela explique peut-être les contorsions de Jean-Christophe Cambadélis : car avant même de la vendre pour une poignée de circonscriptions à Mélenchon, le PS avait déjà perdu son âme.
L'équipe
- Production