La question des parrainages et la fracture démocratique

La question des parrainages
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La question des parrainages ©Maxppp - DUCLET Stéphane
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A quelques jours de la date limite pour recueillir ses parrainages, Marine Le Pen a lancé ce lundi un appel aux maires. Elle a indiqué qu'il lui manquait 50 signatures.

Oui, Nicolas. Eric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon, eux aussi, peinent à recueillir les 500 parrainages nécessaires.

Et certains observateurs d’y voir « un marronnier de la présidentielle » ou de les accuser de bluffer pour se victimiser.

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En vérité, la règle des parrainages, qui depuis 1981 suscite un véritable feuilleton à chaque élection présidentielle, interroge sur notre démocratie et son fonctionnement.

Pour le comprendre, il faut se souvenir que celle-ci a été très largement modifiée et que son esprit originel a été détourné par les successeurs du Général de Gaulle…

En 1962, au moment où l’on instaure l’élection du président de la République au suffrage universel direct, ce dernier souhaite la mise en place d’un système de filtrage pour éviter les candidatures farfelues.

Pour de Gaulle, l’élection présidentielle n’en doit pas moins rester la rencontre directe entre un homme et le peuple.

A ses yeux, elle doit échapper à la mainmise des partis.

C’est pourquoi il s’oppose à ses ministres, dont Georges Pompidou et Valéry Giscard d’Estaing, qui souhaitent imposer un système de présélection plus restrictif reposant sur les élus.

« Pourquoi ne voulez-vous pas faire confiance au peuple ?, s’insurge-t-il. Est-ce que la démocratie, ce n’est pas précisément que tout le monde puisse se présenter à une élection ? »

De Gaulle impose un nombre volontairement très faible d’une centaine de parrainage.

Ainsi que le principe de l’anonymat pour garantir la liberté de choix des élus…

Des règles, qui seront modifiées par la suite...

Oui, en 1976, sous la présidence de VGE, puis en 2016, sous celle de François Hollande…

Le premier porte le nombre de parrains à 500 tandis que le second, au nom de la transparence, rend public les parrainages

Plus qu’un changement de procédure, c’est un changement de philosophie. 

Cela favorise les candidats issus des formations installées au détriment du renouvellement de la vie politique. 

Plus profondément, c’est la revanche des notables et des Partis. 

Cela traduit la méfiance des élus et des élites à l’égard du peuple. 

« C’est aux élus de déterminer ceux qui méritent de postuler aux fonctions de président de la République », affirmait d’ailleurs Anne Hidalgo…

Le psychodrame des parrainages s’inscrit, en outre, dans un contexte de crise de la démocratie bien plus vaste

En quoi ?

Le « Non » au traité constitutionnel européen a révélé la fracture entre les élites et les peuples.

De même que la crise des Gilets Jaunes dont l’une des revendications était le référendum d’initiative populaire.

Plus largement, sur fond de mondialisation, le peuple a été progressivement éloigné du processus démocratique,

sa souveraineté en partie confisquée par les experts, les juges, les commissaires européens, les lobbys, les multinationales et les Gaffa

Dans ce contexte, la non-candidature de Marine Le Pen, Eric Zemmour ou Jean-Luc Mélenchon représenterait un séisme.

La légitimité du vainqueur de l’élection serait entamée.

La confiance dans notre système démocratique tout entier affaiblie.

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