

L’enquête IFOP pour la revue « écran de veille », parue vendredi dernier, révèle que les habitants des banlieues pauvres voteraient majoritairement Marine Le Pen à la prochaine présidentielle…
L’enquête a été menée auprès de plus de 1 000 personnes résidant dans des villes pauvres de périphérie.
Sarcelles, Clichy-sous-Bois, Roubaix, Tourcoing, Vaulx-en-Velin, mais aussi Sochaux ou Orange.
Si l'abstentionnisme demeure le grand vainqueur dans ces villes, la droite dans son ensemble recueille 49% des intentions de vote contre 40% en 2012
Surtout, à eux trois, Nicolas Dupont-Aignant, Eric Zemmour et Marine Le Pen captent 35 % des suffrages, la candidate du RN arrivant en tête avec 22% voix.
A l’inverse, les gauches longtemps majoritaires en banlieue ont perdu 20 points en 20 ans, obtenant aujourd’hui à peine plus d’un tiers des voix.
Seul Jean-Luc Mélenchon, tire son épingle du jeu, talonnant Marine Le Pen avec 20 % des intentions de vote.
Le candidat de la France insoumise est, cependant, en recul de neuf points par rapport à son score de 2017.
Que cela révèle-t-il ?
Cela s’inscrit dans un contexte national de décomposition de la gauche et de montée des partis dit « populistes ». La banlieue n’échappe pas à ce basculement.
Mais celui-ci y est encore plus spectaculaire dans la mesure où les banlieues ont longtemps été des bastions socialiste et communiste…
Plus encore qu’ailleurs sur le territoire, la gauche y paie son échec sur le plan sécuritaire.
L’enquête révèle ainsi que pour 74% des électeurs de banlieues populaires, la lutte contre l’insécurité est un enjeu déterminant…
Pour François Kraus de la fondation Jean-Jaurès, la banlieue a également été rétive au tournant sociétal de la gauche : « Le discours progressiste sur la défense des minorités, des femmes ou des LGBT ne porte pas », note-t-il.
Enfin, la gauche, mais aussi le centre, paient leur gestion locale souvent marquée par un certain clientélisme ethnico-religieux.
Une dérive encore accentuée par la politique de la ville
Si celle-ci a permis d’améliorer le cadre de vie d’une partie des habitants, elle a souvent sous-traité le maintien de la paix sociale aux grands frères ou aux associations communautaires, accentuant ainsi le séparatisme qu’elle prétendait combattre.
L’enquête de l’IFOP révèle d’ailleurs en creux une polarisation inquiétante des territoires de banlieues.
En quoi ?
Si l’on prend uniquement en compte les quartiers prioritaires de la ville, c’est-à-dire les cités dites sensibles qui concentrent les populations immigrées, Jean-Luc Mélenchon y capte 37% de l’électorat.
A l’inverse, il y a un survote RN dans les autres quartiers populaires de banlieue souvent pavillonnaires
On peut y voir une opposition entre les habitants des grands ensembles et ceux qui se situent à proximité.
Suffisamment éloignés des cités pour ne pas en connaître toutes les difficultés, mais suffisamment proches pour ne rien ignorer des pires troubles qu’elles génèrent.
Le temps où les « Gaulois », qui demeuraient majoritaires, vivaient en bonne entente dans les mêmes quartiers avec « Tos », « Ritals », « arabes » et « pieds-noirs », est révolu.
Désormais la France des cités et celle des pavillons de Banlieue se regardent avec méfiance.
« Aujourd’hui nous vivons côte à côte, je crains que demain nous vivions face à face », avait affirmé Gérard Collomb en quittant le ministère de l’Intérieur.
La banlieue préfigure sans doute la France de demain…
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