

Ce matin : lettre à une femme combattante.
Ce lundi 10 Janvier la Fondation des Femmes organise à l’Odéon un concours d’éloquence pour une nouvelle édition. Comme chaque année, nous remettrons un Prix, celui de l’éloquence pour les droits des femmes, et il porte un nom : “Gisèle” “Halimi”. Avant de décéder, vous nous l’aviez autorisé, et nous tâcherons d’être à la hauteur de cette confiance accordée.
Voilà plus d’un an que vous êtes partie et vous nous manquez cruellement ici. Il y a tant de nos pas qui, dans l’Histoire des Femmes, résonnent de vos combats. Du procès en 1972 de Bobigny à celui d’Aix de Anne et Araceli, vos plaidoiries ont contribué à améliorer nos vies. De la dépénalisation de l’avortement, au viol enfin réprimé pénalement, c’est dans les prétoires vous avez changé notre histoire. De la légalisation de l’homosexualité jusqu’à l’adoption de la parité, c’est dans les Assemblées que vous avez fait gagner l’égalité.
Vous étiez française d’adoption et tunisienne d’exception et j’aurais aimé écrire mon admiration pour votre entrée au Panthéon. Mais pour vous pas de Panthéon : après concertation, il en a été décidé autrement par votre famille et Emmanuel Macron. Pourtant quelle autre combattante répondrait mieux à la devise « Aux grandes femmes la patrie reconnaissante » ?
Pour votre hommage c’est la Cour des Invalides qui a été préférée. Vous étiez anticolonialiste, alors quel drôle d’air ça donnera que de voir ainsi l’insoumise drapée des honneurs militaires. Même pour ça voilà dix-huit mois que la République n’a pas trouvé le temps de célébrer vos mérites.
Alors ne perdons pas de temps en polémique.
Lorsqu’une femme de combat s’en va, c’est d’abord à ses valeurs qu’il faut faire honneur. Et si on en profitait pour faire progresser nos droits ?
Reprenons votre dernière idée : la Clause de l’Européenne la plus favorisée. Elle était pourtant d’une exquise simplicité : offrir le meilleur de l’Europe en harmonisant par le haut les droits des femmes. Car il ne devrait pas être accepté que nos voisines n’aient pas les mêmes libertés.
La meilleure loi pour les femmes dans chaque pays deviendrait la règle commune pour toutes. Ainsi les Polonaises n’auraient plus à supplier pour sauver leur droit à l’IVG. Comme en Espagne, les femmes victimes de violence pourraient bénéficier de tribunaux spécialisés ou comme en Suède les hommes d’un vrai congé paternité.
Car la France a pris la présidence de l’Union Européenne, annoncée sous le signe de l’urgence. Jusque là, pas un mot sur les sujets d’égalité entre les femmes et les hommes, une grande cause pour la France serait-elle trop petite pour l’Europe ?
Chère Gisèle Halimi, tu nous disais ne vous résignez jamais ! Alors si, plutôt que d’être oubliés, nos droits à nous, les 253 millions d'européennes, étaient harmonisés? Ne serait-ce pas finalement pour toi la plus belle des consécrations : l’Europe plutôt que le Panthéon ?
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